Logement : les constructeurs de maisons à la conquête de marchés plus porteurs

Reconquête de friches, habitat bas carbone… Si le chemin vers l'industrialisation des nouvelles pratiques est encore long, les projets inspirants ne manquent pas.

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
A Saint- Michel-de-Villadeix (Dordogne), un bâtiment ancien ayant abrité une école a fait l’objet d’une rénovation globale, dont l’équilibre économique a été trouvé grâce aux subventions locales.

Médaillée d'or dans la catégorie Rénovation de l'habitat existant au Challenge de l'habitat innovant 2023 du Pôle Habitat de la FFB, la transformation d'un bâtiment ancien ayant abrité une école à Saint-Michel-de-Villadeix (Dordogne) « tient à la pugnacité du maire qui est allé chercher 450 000 € de subventions », souligne Pierre Jardinier, président de Maisons Millot et de Rénovert (groupe Hexaom) qui ont mené les travaux. Outre les aides du département, de la région et du Grand Périgueux, la municipalité a également obtenu 25 000 € de certificats d'économie d'énergie (CEE) pour l'isolation des combles et le remplacement des fenêtres.

Grâce à ces financements, les six logements livrés en septembre dernier affichent des loyers plafonnés, susceptibles d'attirer de jeunes actifs. Première étape de la revitalisation du village, ce projet doit précéder la construction d'une colocation senior, à livrer début 2024, et d'un marché couvert, dont le chantier se terminera en octobre 2023.

D'autres constructeurs s'en sortent sans subventions. « Pour cela, il faut privilégier les quartiers recherchés en centre-ville et en bord de mer », explique Eric Blandin, P-DG du constructeur-rénovateur Design Constructions & Associés. A Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), il a acquis un logement de 80 m² sur un terrain de 339 m² qu'il a transformé en maison de ville de 200 m². Cette métamorphose a coûté 900 000 €, dont 400 000 € de travaux. Le logement, dont l'étiquette est passée de C à A, est estimé aujourd'hui à 1,2 M€.

Image d'illustration de l'article
PHOTO - 31835_1857535_k3_k1_4295518.jpg PHOTO - 31835_1857535_k3_k1_4295518.jpg

Equilibre financier des chantiers menacé. Afin de continuer à s'engager sur des prix fermes et définitifs malgré la hausse du coût de construction qui menace l'équilibre financier des chantiers, il a pris la précaution d'augmenter sa marge prévisionnelle de 3 à 7 % en un an. « Dans ce contexte, analyse Eric Blandin, les constructeurs de maisons se serrent la ceinture, mettent un stop à l'innovation, mais à moyen terme, cette stratégie pourrait mettre à mal la santé de nos entreprises. Il risque d'y avoir d'autres Geoxia [le groupe a été placé en liquidation judiciaire en juin dernier, NDLR]. » Avec une activité nationale qui oscillera entre - 0,5 % et + 0,8 %, selon les dernières prévisions de la Banque de France, Grégory Monod, président du Pôle Habitat de la FFB, insiste sur la nécessité de miser sur des métiers plus porteurs au pays du zéro artificialisation nette : « Les CMIstes qui ont commencé leur mue vers la rénovation, la réhabilitation et le non-résidentiel ne seront pas obligés de réduire la voilure. » Le bon filon des « bâtiments communaux en bord de route à réhabiliter », relève Pierre Jardinier, devrait ainsi soutenir l'activité de Maisons Millot. En 2021, un tiers de son chiffre d'affaires provenait de ce créneau.

La décarbonation des maisons individuelles est aussi en marche. « En 2021, 65 % de notre empreinte carbone venait de l'acte de construire. Cette donnée nous a ouvert les yeux », admet Régis Croguennoc, directeur technique du breton Trecobat. D'où le lancement, en septembre dernier, de Trecobat Green. « Ce concept fait partie de la démarche RSE du groupe, qui vise à répondre aux engagements de la RE 2020 et à imaginer la suite au-delà de 2031 », explique Alban Boyé, le P-DG. Concrètement, il s'agit de proposer aux particuliers, aux bailleurs sociaux, ainsi qu'aux collectivités des logements plus « verts » que la moyenne.

Assemblées dans les usines Murébois du groupe, à Lannilis (Finistère) et Rennes (Ille-et-Vilaine), les maisons Trecobat Green sont construites en ossature bois, en matériaux biosourcés - pour l'isolation, par exemple -, puis enduites. « La construction hors site diminue l'empreinte carbone de la construction de 25 % et réduit la production de déchets de chantier de 55 %, soit environ 1,2 tonne en moins par maison », souligne Régis Croguennoc. Résultat : un prix de commercialisation à partir de 1 750 €/m². « Si nous proposons ce prix économiquement acceptable, c'est aussi grâce au full BIM [maquette numérique BIM qui couvre le projet de la conception à l'exploitation, NDLR] », insiste Alban Boyé. La digitalisation a en effet généré un gain de productivité de 2 à 3 % sur les frais généraux, de la conception aux contrôles liés à la réglementation en passant par la gestion des déchets.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires