Historiquement chargée de loger les travailleurs algériens, la Sonacotra ne cesse de voir ses compétences élargies aux populations en difficulté (demandeurs d’asile, gens du voyage, personnes âgées, jeunes…). Elle renforce son capital et s’apprête à changer de nom.
Pour aider la SEM à financer le programme de logements d’urgence et d’insertion lancé au lendemain des incendies de logements insalubres, à Paris, le gouvernement a décidé de la recapitaliser. L’Etat, actionnaire à 57,1 %, apporte ainsi 50 millions. Les autres actionnaires (la Caisse des dépôts 28,1 %, le Crédit foncier 9,9 %, Logirep 4,2 %, divers 0,6 %) devraient suivre.
Deux opérations vont voir le jour, à Saint-Denis et Marseille, pour une centaine de logements au total. Une autre est en projet à Paris. La Sonacotra y gère 300 places pour des SDF, dans une ancienne boulangerie appartenant à l’Armée, boulevard Ney (XVIIIe). Dans quelques jours, 50 logements supplémentaires – ouverts 24 heures sur 24 – vont être proposés. La SEM est intervenue sur le dossier de Cachan, pour lequel elle a proposé 67 places, et sur celui des SDF logés sous des tentes, cet été (50 places).
Nouvel actionnaire. Une seconde augmentation de capital est prévue qui se traduira par une baisse de la part de l’Etat, entre 50 et 51 %, et par l’arrivée d’un nouvel actionnaire, la Société nationale immobilière, (SNI, voir « Le Moniteur » du 20 octobre, p. 21). Celle-ci siégera en lieu et place de la Caisse des dépôts et apportera ses résidences services (foyers de travailleurs migrants et foyers de jeunes travailleurs, résidences sociales et résidences pour personnes âgées), soit un apport en nature équivalent à 12 millions d’euros.
La SNI est autorisée à monter au capital de la Sonacotra jusqu’à 49 %. La part finale dépendra de l’attitude qu’adopteront les autres actionnaires.
Si elle est très présente sur la nouvelle pauvreté, la Sonacotra n’en continue pas moins sur ses missions traditionnelles, puisqu’elle est le premier opérateur national en résidences sociales (25 % du parc). Elle doit ainsi adapter ses foyers de travailleurs migrants au vieillissement de leurs habitants : plus de la moitié d’entre-eux dépasse les 55 ans. Deux dossiers d’établissements pour personnes âgées dépendantes (Epad) sont en cours de montage, à Marseille et Bobigny. Certains foyers sont aussi transformés en résidences sociales, mais le passage de simples chambres en logements se traduit par une réduction de la capacité d’accueil. Au total, l’entreprise investit 60 millions par an, dont une quarantaine dans la rénovation stricto sensu et le reste dans le développement.
« Nous n’avons jamais été aussi pleins qu’actuellement : le taux d’occupation national est de 94 %, contre 91 % il y a quelques années, sachant que 3 % ou 4 % des logements sont en travaux. Nous n’avons quelques logements vides que dans les moyennes villes de province », explique Michel Pélissier, président de la Sonacotra depuis huit ans.
Au début de l’année prochaine, à l’occasion des 50 ans de l’entreprise, le dirigeant dévoilera sa nouvelle raison sociale… pour le moment, il se refuse à en dire plus, pour réserver la primeur à ses 2 000 collaborateurs.