Le rythme de croissance de l'activité du logement devrait être comprise entre 3,5 % et 4 % en 1998 et 1999, en volume, selon les prévisions faites par Michel Mouillart, professeur à Paris X-Nanterre lors des dernières rencontres « construction-aménagement du territoire ». «Au-delà, néanmoins, un ralentissement est à attendre.»
Meilleure dans tous les secteurs - sauf le locatif social - la conjoncture tire aussi profit des mesures gouvernementales : selon le professeur Mouillart, les dispositions publiques récentes devraient se traduire par près de 40 000 opérations immobilières supplémentaires, en année pleine : 27 000 transactions de plus dans l'ancien et 17 500 sur le marché des travaux. Mais le recalage à la baisse de l'amortissement Périssol, notamment, devrait faire perdre 5000 mises en chantier de logements neufs. L'ensemble aura un effet positif sur l'emploi, portant sur près de 10 000 unités. Toutefois, compte tenu des inerties, ces dispositions auront un impact à peu près négligeable dans le neuf en l'an 2000, de l'ordre de 25 000 transactions supplémentaires dans l'ancien et de 12 000 opérations en plus sur le marché des travaux. Au total, elles contribueront à un essor supplémentaire de l'activité des marchés de l'ordre de 3 à 4 %.
Estimations contradictoires
Le grand intérêt de ces rencontres est la présence simultanée de plusieurs grandes fédérations professionnelles qui permet des échanges de vue contradictoires :
Ainsi, Alain Sionneau pour la Fédération française du bâtiment (FFB) estime à 1 % seulement la croissance en 1998 et à 10 000 par an la baisse de la construction neuve de logements induite par le nouvel amortissement Besson. Il s'est inquiété, aussi, de la sous-consommation des prêts locatifs aidés (PLA), estimant « urgent » le lancement d'une vaste réflexion sur le sujet.
La Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB), quant à elle, a prévu une croissance de l'activité de 2 % « au moins » en 1999.
Le président de l'Union nationale des constructeurs de maisons individuelles (UNCMI) remarquait que « les choses allaient plutôt bien » pour la profession, notant des transferts régionaux dans la conjoncture : une embellie sur le littoral atlantique et une stabilisation en Ile-de-France et en Alsace. La construction devrait atteindre en 1998 163 000 unités, dont 132 500 en diffus.
Le représentant de la Fédération nationale des promoteurs constructeurs (FNPC) estime à 20 000- 25 000 la perte de logements neufs consécutive à l'amortissement Besson.
Pour la Caisse des dépôts, Marc Desjardins, a indiqué que les versements pour les PLA avaient baissé de 3 % en un an, diminuant de 8 % en Ile-de-France, 20 % en Paca et 12 % en Rhône-Alpes. Il a également chiffré à 600 milliards de francs le montant des surliquidités des fonds d'épar-gne, les prêts au logement n'absorbant que 500 milliards de francs.
Enfin, Gilles Horenfeld, pour les HLM s'est attaché à démontrer que la baisse des PLA (50 000 prévus en 1998 dont 45 000 dans le neuf) est « une tendance continue depuis 1994 dont on peut espérer qu'elle constitue le point bas ».
PHOTO : Michel Mouillart, professeur à Paris X-Nanterre : «Bonne conjoncture en 1998 et 1999, mais des incertitudes au-delà».