« In’li est en capacité d’amplifier le logement intermédiaire, qui est une des réponses à la crise du logement », a commenté Damien Robert, président de la filiale d’Action Logement, en conférence de presse le 6 juin.
La veille, le gouvernement avait annoncé 19 mesures issues du Conseil national de la refondation (CNR) sur le logement. Parmi elles : la promesse de développer du logement locatif intermédiaire (LLI) dans de nouvelles communes.
In’li gère actuellement 50 070 logements en Ile-de-France, dont 8 000 à Paris, et compte plus de 100 000 locataires. Ses loyers sont inférieurs de 33,5% en moyenne par rapport au marché libre. La décote est comprise entre 10% et 15% quand il s’agit d’un appartement neuf.
Ralentissement des mises en chantier
En 2022, In’li a investi « 572M€ en construction neuve pour un total de 3 232 logements engagés, dont un tiers vise le seuil 2025 de la RE 2020 », annonce Damien Robert. Ce dernier déclare en outre 3 353 logements livrés, « par In’li ou des promoteurs » comme Emerige, Verrecchia et Woodeum, ainsi que 3 006 logements commencés.
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Ce ralentissement des mises en chantier s’explique par la difficulté à trouver un équilibre économique. « Il faut parfois repartir de zéro à cause de la remontée des taux d’intérêt qui nous rend plus exigeant sur le rendement », confie Antoine Pinel, directeur général d’In’li. Le rendement brut recherché par ses investisseurs est compris entre 3% et 4%, alors que l’inflation annuelle est supérieure à 5%.
Chez In’li, près de 1 500 logements sont concernés par ces reports. A l’échelle nationale, un projet sur cinq est repoussé ou abandonné faute d’équilibre financier, selon la Fédération des promoteurs immobiliers.
Cinq ans de retard sur le calendrier initial
Dans ce contexte morose pour la construction, la filiale d’Action Logement table cette année sur 3150 logements mis en chantier et 3 815 logements livrés. A sa création en 2017, son président d’alors, Benoist Apparu, souhaitait atteindre une vitesse de croisière de 8 000 logements par an, dès 2019. Résultat, In’li compte gérer 80 000 logements d’ici 2030 et non plus 2025 comme annoncé en 2017. Selon les dernières estimations du gouvernement, le besoin francilien monte à 160 000 logements intermédiaires entre 2021 et 2030.
Le patrimoine d’In’li affiche une moyenne d’âge de 35 ans, car composé à près de 80% de logements anciens hérités d’Action Logement. D’où ce besoin de réhabiliter. En 2022, la filiale du groupe paritaire a engagé 54M€ pour traiter 1537 foyers. Autant de logements devront être améliorés cette année, pour un budget prévisionnel de 69M€.
25 000€ pour éradiquer un logement énergivore
En matière de chasse aux passoires thermiques, il reste 155 logements étiquetés G et 526 logements F à éliminer. In’li prévoit de les éradiquer d’ici fin 2023, à raison de 25 000€ à 30 000€ par foyer, en rénovation thermique. Autre objectif, plus ambitieux : passer les dizaines de milliers de logements E et D en C, a minima d’ici 2030.
Ce vaste chantier s’inscrit dans le cadre de sa trajectoire carbone. La neutralité, « en construction et en exploitation », précise Damien Robert, est à atteindre en 2040. Et pas en 2050, comme souhaité par l’Union européenne et les grands groupes du BTP comme Saint-Gobain. Cela passe, depuis 2022, par une exclusion du gaz carboné et importé des nouvelles opérations d’In’li, au profit du chauffage urbain et de la géothermie notamment.
Les futurs investissements et objectifs d’In’li dépendent aussi de la convention quinquennale 2023-2027 entre l’Etat et Action Logement. Sa signature est annoncée dans les prochains jours par le gouvernement.