Transformer un parking de surface en un écrin de verdure propice à la promenade et aux loisirs, c'est l'étonnant pari tenu par le jardin des Géants à Lille,un espace vert ouvert au public depuis juin 2009.
Le site, à proximité du quartier d'affaires Euralille, s'étire le long du boulevard périphérique sur plus de 2,5 hectares. Un foncier peu attractif à première vue, sur lequel avait été aménagé un parking de plus de 300 places, utilisé par les salariés du siège de la communauté urbaine Lille Métropole.
En 2003, le regroupement des services de l'intercommunalité a lancé la réflexion sur le réaménagement de son siège. L'étude a abouti à une « opération-tiroirs », dont le jardin des Géants constitue la seconde réalisation après celle d'un parking silo enterré de 550 places. Appelé à devenir une véritable rotule urbaine entre Euralille et les quartiers alentours, le jardin des Géants a fait l'objet d'une programmation, en collaboration avec le Conservatoire international des jardins de Chaumont-sur-Loire. En 2005, le concours a désigné lauréat le groupement emmené par les paysagistes de l'atelier Mutabilis.
La réponse de l'équipe de maîtrise d'œuvre à la demande initiale d'un « jardin d'exception » est d'abord poétique. Des géants, personnages récurrents des traditions nordistes, ont sondé le sol d'un parking pour y retrouver des sources et faire émerger en surface un jardin.
De la métaphore à la réalité, restent des principes de composition et de fonctionnement. Aux architectures des tours de bureaux d'Euralille répondent dans cet espace vert des « silhouettes-totems », émergences en acier ou en osier tressé habillées de végétation, évoquant les géants.
Recouvrant le parking silo, le parvis des Nuages est une partie du jardin plus minérale et sèche, faisant le lien avec le centre-ville et notamment l'accès à la gare Lille Europe.
L'herbe des Géants marque la transition vers un traitement plus végétal, avec des ambiances plus privatives et intimistes. Dans cet espace mitoyen du périphérique, un couvert végétal dense, composé de bambous, de voiles d'acier Corten et de bois tressé (Canevaflor), isole les promeneurs de la route. Enfin, le jardin des Sources est marqué par une forte présence de l'eau, avec une végétation luxuriante (bananiers, papyrus, lotus, prêles, nymphéas.) protégée du piétinement par des circulations surélevées.
Au total, pas moins de 45 000 végétaux ont été plantés dans le jardin des Géants. Pour répondre aux besoins en eau, les concepteurs ont d'abord tiré parti de la proximité de la ressource phréatique, affleurant à deux mètres du sol. « Un captage sur nappe permet en surface de mettre à niveau des bassins étanchéifiés par bentonite dans le jardin des Sources. L'eau est alors filtrée par un substrat de sables et de graviers planté d'hélophytes (roseaux, typhas et iris) », explique la paysagiste Marie Mondésert, de l'atelier Mutabilis. Débarrassée de son éventuelle charge polluante, elle est ensuite intégrée dans un parcours de l'eau à ciel ouvert.
Bassins, mares, vasques et rigoles construisent des ambiances aquatiques. Les dispositifs d'arrosage sont dissimulés dans des endroits inattendus, comme les « Têtes cracheuses », sculptures de fonte de Quentin Garel. Les eaux pluviales font, elles aussi, l'objet d'un recyclage par cette trame hydraulique, la ressource non infiltrée étant pompée au point bas du site pour être recirculée dans le jardin des Sources.





