Fleuron de l'industrie lilloise, l'usine de construction métallique Fives Cail Babcock (FCB) a laissé à sa fermeture une friche de 17 ha à Fives, un quartier populaire situé à l'est de Lille. Sa mutation en un quartier innovant, tant dans ses formes d'habitat que sa programmation, est l'un des six grands projets urbains portés par Lille Métropole. L'innovation réside aussi dans la proposition de l'équipe de l'AUC, lauréate de la consultation, de conserver ce patrimoine industriel dans sa quasi-intégralité. « L'échelle du site, la monumentalité et la spatialité de cette mégastructure doivent être mobilisées pour construire les qualités spécifiques de ce nouveau quartier », affirme l'architecte urbaniste Djamel Klouche.
Les halles conservées, le projet urbain s'appuie sur deux principes : installer une trame d'espaces publics très présente, qui s'infiltre dans le tissu industriel, et inventer une programmation qui exploite la capacité de l'usine. Deux équipements sont déjà programmés, la Bourse du travail, dans les anciens bureaux, et l'implantation d'un lycée hôtelier international. A l'étude également, une piscine dans la halle sud, et l'accueil d'installations éphémères dans trois bâtiments historiques. Trois autres halles seront reconverties en parkings silos pour capter les voitures à l'entrée du site. Une solution plus économique que le parking enterré, et qui simplifie aussi la question de la dépollution les sols. « En conservant les halles, on ne touche pas aux pollutions légères, qui restent confinées. Seules certaines zones nécessiteront un traitement particulier », précise Djamel Klouche.
A l'exception des ateliers d'artistes, seule typologie autorisée dans le volume des halles, les 800 logements s'inséreront dans la structure de l'usine, moyennant quelques démolitions partielles, ou sur les parcelles avoisinantes. « Les halles peuvent être mises au service de nouveaux usages, mais leur gabarit nous semble incompatible avec les typologies de logements complexes et les formes urbaines compactes que Lille Métropole tient à mettre en place pour répondre aux objectifs qu'elle s'est fixée en termes de densité, d'intensité urbaine et de performance énergétique », explique Stanislas Dendiével, élu en charge de l'urbanisme à la ville de Lille. Parmi les typologies envisagées, des plots villas, logements pour étudiants, logements avec jardins d'hiver, lofts, habitat intermédiaire.
Les espaces publics prennent, eux, la forme d'un parc paysager de cinq hectares, qui se glisse sous les halles transformées en passages piétons couverts, investit d'anciennes cours, prend la forme de venelles engazonnées dans les parties démolies. Une étendue verte au sud ouvrira l'usine sur les faubourgs.
L'eau de pluie est le fil directeur de cette reconquête. « Cette usine d'acier va se transformer en usine d'eau, prouvant encore ainsi son utilité », explique le paysagiste Pascal Cribier. Récupérée en toiture, l'eau de pluie sera ainsi acheminée via des canalisations aériennes dans des bâches de stockage. Celles-ci alimenteront un système de goulettes, gros caniveaux en béton bordés par un palier inférieur, inondable, et un palier supérieur planté, l'ensemble formant les jardins d'eau. « Ces jardins d'eau tiendront lieu aussi de bassin d'orage à ciel ouvert. Une alternative à ceux, enterrés, qui se construisent, encore aujourd'hui, en infrastructures des villes », ajoute Pascal Cribier.








