Depuis septembre 2000, Lille jouit d'un nouveau boulevard urbain en lieu et place de l'ancien périphérique est, inutile depuis la mise en service, début 1999, d'une imposante voie à caractéristiques autoroutières. Cette « pénétrante » qui scindait la ville avec son lot d'échangeurs et d'autoponts ne pouvait rester en friche. S'il était acquis que la DDE devait la remette en état convenable avant de la rétrocéder à la communauté urbaine, les discussions ne furent pas faciles. La ville et la communauté urbaine voulaient la qualité ; la DDE, l'économie. Quantité d'interlocuteurs, institutions, hommes de l'art, usagers et riverains furent associés au projet. La DDE, maître d'ouvrage et maître d'oeuvre, a confié une mission d'étude préalable au paysagiste Gilles Noyon sur « la géométrie, l'ambiance et la couture à l'ancien quartier par le raccordement des rues mises en cul-de-sac à l'époque autoroutière ». La Saem Euralille, dont la ZAC borde le boulevard, demanda alors l'intervention de l'urbaniste Christian Devillers pour intégrer le futur développement de la ville et surtout le Palais des congrès de Rem Koolhaas, alors coupé du tissu urbain. Il y eut peu de divergences entre l'étude préalable et les préconisations de Devillers. Aujourd'hui, le boulevard déroule un mail de 9 mètres de large, sur 1 kilomètre, protégé par de hautes bordures de granit rose de Bretagne. Pas question d'y permettre un stationnement sauvage. Les passages piétons sont protégés par des piliers de granit et des barres d'acier Inox, pour éviter la colonisation par les voitures. La même protection a été appliquée aux bas-côtés, où est aménagé un stationnement longitudinal. Des haies épaisses isoleront les riverains. 400 tilleuls pallida ont été mis en terre en 4 rangées, et les sujets ont été choisis de belle taille pour donner un aspect fini. L'aménagement a été pensé pour l'oeil du piéton, grand gagnant de l'opération : des placettes font aux carrefours un franchissement sécurisé ; pavés plats, bancs, poubelles, candélabres assurent le confort. Les cyclistes disposent de bandes cyclables.
Le boulevard prendra tout son sens avec la mise en oeuvre de la ZAC Euralille-2 où va débuter la construction du siège de la région. A terme, le boulevard sera encadré d'immeubles abritant le quartier résidentiel du Bois habité, en attendant la reconversion des 17 hectares de l'ex-gare de marchandise Saint-Sauveur. Mais déjà, vues du boulevard reconquis, les lignes épurées de la Cité administrative, longtemps réprouvées, révèlent toute leur force.
PHOTOS : Les piétons et les cyclistes retrouvent leur place sur ce mail qui a été pensé pour l'oeil du marcheur (à droite, avant transformation).