Comment vivez-vous la hausse des prix des matières premières ?
Avec difficulté à cause, d’une part, du caractère imprévisible de ces hausses. Quels matériaux, quels équipements vont augmenter ? Quand ? Combien de temps ? Et d’autre part, à cause de l’effet de décalage de ces hausses. Par exemple, des ensembliers (promoteurs, contractants généraux, entreprises générales, etc.) ont pris des engagements forfaitaires sans actualisation, car habituellement sur un délai de quelques mois la hausse des prix est gérable. Mais aujourd’hui, elle est tellement importante que, lorsque ces entreprises passent leurs commandes auprès de leurs fournisseurs, elles n’arrivent plus à entrer dans les budgets qu’elles s’étaient fixées. Elles sont conduites parfois à tenter d’annuler les commandes lorsqu’il en est encore temps, ou à solliciter l’accompagnement du maître d’ouvrage sous forme d’une rallonge budgétaire.
C’est-à-dire que Prologis est prêt à payer plus cher ?
C’est une question d’équilibre. Celle-ci consiste à mesurer l’impact de la non-tenue des engagements d’un prestataire comparé à un accompagnement, qui permettrait d’éviter la défaillance de cet acteur. Il s’agit parfois de mettre en place un préfinancement ou de conclure des achats groupés de matériaux ou équipements sur différents pays afin d’en faire bénéficier les acteurs locaux. Il faut cependant veiller à éviter l’effet d’aubaine dont certains acteurs seraient tentés de profiter au-delà du raisonnable.
Des projets en cours sont-ils retardés ? A cause de quelle matière première en particulier ?
Nous observons des retards dans la plupart des pays d’Europe, Royaume-Uni inclus. Les retards peuvent s’échelonner de 1 à 6 mois. Nous notons également que les délais contractuels de construction s’allongent de 2 à 4 mois afin d’absorber ces décalages et d’éviter les sanctions prévues en cas de retard. Ces projets en cours sont retardés faute de livraison de matériels et matériaux tels que l’aluminium ou encore les membranes d’étanchéité bitumineuses. Mais ils sont également retardés car les entreprises qui n’entrent pas dans leurs budgets cherchent désespérément des fournisseurs qui leur permettent de limiter la casse. C’est d’ailleurs souvent peine perdue, car non seulement elles n’y arrivent souvent pas, mais en plus elles prennent beaucoup de retard et s’exposent aux pénalités de retard. C’est la double peine…
Des projets à lancer sont-ils reportés ou annulés ?
En France, pas pour l’instant. En Europe de l’Est, deux projets ont été décalés.