L’année 2013 s’est conclue sur un très faible niveau de production de logements neufs. Comment voyez-vous l’année 2014 ? Les conditions d’une relance sont-elles réunies ?
Bruno Deletré : La construction de logements a atteint effectivement un niveau historiquement faible, avec 332 000 logements, soit une baisse de près de 30% en 6 ans (2007-2013). Hors locatif social, cette baisse est même de plus de 40%. En 2014, nous devrions rester sur ces niveaux très bas car les prix du foncier et de construction n’ont cessé de croître ces dernières années, du fait notamment de nouvelles normes dans le bâtiment : le coût de construction a ainsi augmenté de 30% entre 2005 et 2013.
B.D : La hausse inattendue des transactions dans l’ancien (+2,7% par rapport à 2012), soit 723 000 transactions, ne doit pas nous faire oublier que nous sommes loin des niveaux d’avant-crise, de l’ordre de 820 000. 2014 devrait afficher un niveau proche de 2013. Ce qui me frappe en particulier, c’est le creusement des disparités d’évolutions de prix : en période retournement de marché, comme celle que nous vivons depuis deux ans, on constate une différenciation géographique croissante des évolutions de prix en fonction de l’emplacement et de la qualité des biens.
B.D : Après de nombreuses années de croissance forte des prix de l’immobilier, 2014 devrait confirmer un retournement de tendance, qui se traduit notamment par une plus forte différenciation géographique des évolutions de prix. Il faut noter que l’évolution des taux d’intérêt aura un impact potentiellement important sur le niveau des prix : s’ils doivent monter fortement en 2014 (ce qui n’est pas notre prévision), cela aurait un effet accélérateur et amplificateur sur la baisse des prix sur le marché immobilier.
B.D : Le Crédit Foncier a enregistré en 2013 une hausse de 18 % de notre production de prêts aux particuliers en 2013 et augmenté ses parts de marché sur le prêt à l’accession sociale et le prêt à taux zéro +. On ne peut pas vraiment dire, nous concernant, qu’il y a « une restriction du crédit bancaire » ! Cela dit, il est clair que la nouvelle réglementation bancaire (Bâle 3) introduit des contraintes, je pense en particulier à la baisse de la durée moyenne des crédits immobiliers observée depuis 3 à 4 ans. Sur le segment des crédits vraiment longs, le Crédit Foncier se sent parfois un peu seul…
B.D : Bien sûr, les professionnels que nous sommes sont en faveur d’un renforcement de certaines mesures. Dans le même temps, il nous faut être cohérent : la priorité est la croissance et si l’on souhaite qu’elle redémarre, la réduction des déficits publics pour notre pays est une priorité. Aussi, il faut en priorité concentrer les moyens publics sur les populations qui en ont le plus besoin, au travers de l’accession sociale à la propriété. Les différés sur le PTZ+ sont un outil puissant de solvabilisation à cet égard.
Par ailleurs, il faudrait favoriser des dispositifs d'aide économes des deniers publics ; de ce point de vue, le mécanisme de garantie publique, comme le fonds de garantie à l'accession sociale est un mécanisme très pertinent. On pourrait en étendre le champ d’action pour un coût budgétaire faible mais un impact potentiel significatif.