La construction d'une résidence de 24 logements est un événement plutôt banal dans ce quartier de l'hyper-centre de Toulouse, situé à quelques mètres de la gare Matabiau. La façade de l'immeuble de quatre niveaux, caractérisée par ses éléments d'accroche et de saillies pour rappeler l'architecture du XIXe siècle du quartier, ne laisse rien apparaître de sa vocation. Or, construite par le groupe des Chalets, la résidence va accueillir des personnes en situation de handicap moteur logées dans six appartements entièrement domotisés. Répartis sur les quatre niveaux, ils s'ajoutent aux 17 logements locatifs sociaux «classiques» et à un autre loué à l'association d'aide aux personnes à mobilité réduite Carpe Diem qui le mettra à disposition de l'auxiliaire de vie.
Dans cette opération mixte, le but du maître d'ouvrage était de ne pas «connoter» les six logements adaptés. D'où le choix de les rendre «intelligents».
Homogénéité de l'ensemble
Lauréate en 2012 de l'appel d'offres lancé par le Groupe des Chalets, l'agence toulousaine Vigneu&Zilio a travaillé, très en amont, la conception des logements avec le bureau d'études «intégrateur de domotique» Domo Center de Blagnac. «Tout notre travail a consisté à comprendre les besoins des personnes qui vont y vivre pour arriver à une homogénéité sur l'ensemble», explique l'architecte Sophie Troya de l'agence Vigneu&Zilio. «La commande était claire. Il ne fallait pas faire de ces logements des chambres d'hôpital. En revanche, il fallait créer les conditions pour rendre les futurs locataires de ces six logements les plus autonomes possible en toute sécurité. L'objectif premier a été une conception la plus simple et la plus limpide possible», insiste-t-elle.

Amélioration du parcours d'accès
Pour l'aspect domotique, la réflexion a porté sur l'amélioration du parcours d'accès au logement depuis l'espace public. Ainsi, la porte du hall d'entrée et celle du logement sont automatiques, de même que l'ascenseur est commandé par une télécommande universelle.
L'étude de l'unité de vie a, elle, conduit à surélever le logement du rez-de-chaussée pour permettre au locataire d'avoir, depuis la fenêtre, une vue sur la rue la plus en hauteur possible. Les volets roulants sont électriques. Les portes, à l'intérieur de l'appartement, sont coulissantes. Puis, l'organisation de l'espace a été étudiée pour faciliter les déplacements, (manœuvres, rotations, utilisation de portes coulissantes, etc.). «La télécommande universelle permet aussi de piloter l'éclairage et les volets à l'intérieur du logement. À l'intérieur, des capteurs permettent d'anticiper des ouvertures de portes. L'entrée ou la sortie de l'appartement se fait par détection autorisée de personne», détaille Hervé Agnan, le directeur de Domo Center.
Enfin, la maîtrise a réalisé une étude coloristique, afin d'animer les espaces et d'éviter les atmosphères médicalisées qui se dégagent trop souvent dans les logements adaptés pour handicapés physiques.
Une première
La résidence mixte de la rue du Lion est une première pour le groupe des Chalets. Elle représente aussi un surcoût de 15 000 euros par appartement pris en charge par aucun financement. Mais le bailleur social a bâti sa stratégie sur la réponse aux besoins spécifiques de personnes en recherche de logement. Elle passe par une offre de logements adaptés à des publics et la recherche de solutions innovantes, tel le recours à la domotique.