En apparence, tout va plutôt bien. En 2017, le secteur du bricolage a enregistré un chiffre d'affaires TTC de 26 Md€, en croissance de 1,9 %, un taux identique à celui de 2016. Lors de la présentation des résultats 2017 au printemps, les porte-parole de la filière s'étaient montrés rassurants. Frédéric Sambourg, président de la Fédération des magasins de bricolage (FMB), n'hésitait pas à qualifier la progression « d'exceptionnelle ». De même, Jean-Éric Riche, président de l'Union nationale des industriels du bricolage, du jardinage et de l'aménagement du logement (Unibal), affirmait : « Nous ne pouvons que nous réjouir de ces résultats positifs. »
Les GSB en petite forme.
En regardant plus en détail les résultats de l'année écoulée, on constate que la croissance du marché du bricolage est avant tout portée par la percée du négoce sur cette activité, après plusieurs années de recul. En effet, le circuit professionnel a réalisé une jolie progression, à +3,4 %, pour un chiffre d'affaires total TTC de 3,9 Md€.
Autre acteur en très bonne forme, le e-commerce, qui voit ses ventes bondir de 20 %, atteignant 853 M€. Si les GSB continuent à dominer nettement le secteur du bricolage, leur progression propre en 2017 ne s'établit donc qu'à 1,1 %, une croissance sensiblement inférieure à celle du marché. Cette performance faible est due avant tout aux difficultés de Kingfisher (- 3,7 %), dont les enseignes Castorama et Brico Dépôt ont été fortement pénalisées par le laborieux plan de restructuration imaginé et par la mise en place d'une centrale d'achats unique.
L e Groupe Mr. Bricolage (Mr. Bricolage, Les Briconautes, enseignes personnalisées) est aussi en difficulté. Engagé dans le redimensionnement de son parc de magasins en propre, une des priorités de son plan Rebond, le groupe a fermé 15 points de vente intégrés sur les 17 prévus et en a cédé 5 à des adhérents-entrepreneurs… Un analyste du marché confiait à Négoce qu'en 2017, et sans doute pour la première fois, la surface commerciale des GSB a diminué, de plus de 100 000 m². Notons que la santé d'Adeo et de son enseigne phare Leroy Merlin reste insolente, ce qui explique que le résultat global des GSB reste positif.
« Nous ne pouvons que nous réjouir de ces résultats positifs dans un marché en pleine transformation. » Jean-Éric Riche, président de l'Unibal
Grandes manœuvres. Des évolutions stratégiques se profilent. C'est ainsi qu'il faut lire l'annonce, en juillet, du rachat des 164 établissements de Bricorama en France et en Espagne par ITM équipement de la maison, branche bricolage des Mousquetaires, (Bricomarché et Brico Cash). Résultat, ce dernier groupement conforte, avec 660 points de vente, sa troisième place en France, mais loin derrière Adeo et Kingfisher - qui représentent toujours 71 % des passages en caisses à eux deux.
Les centres-villes sont le prochain champ de bataille. Pour Frédéric Sambourg, « si nous avons beaucoup capitalisé sur le service, les conseils en point de vente et l'omnicanalité, un nouvel enjeu se profile, la proximité, avec la conquête des centres-villes ».
Des acteurs ont déjà pris le virage. Mr. Bricolage a lancé le nouveau concept City dans quelques villes moyennes ou grandes comme Orléans, Avranches ou Parthenay. À Paris, Adeo a ouvert un quatrième Leroy Merlin (place de La Madeleine) et son premier Weldom (dans le XIXe arrondissement). La bataille ne fait que commencer.

