EGF.BTP travaille depuis trois ans dans le sillage d'un Pacte social et sociétal. Pourquoi ?
Max Roche : L'objectif de ce Pacte est de montrer et de valoriser les apports des entreprises générales dans les domaines social et sociétal. Celles-ci se conçoivent en effet comme des acteurs de progrès à cet égard, aussi bien en faveur de leurs équipes que de leurs partenaires sous-traitants. Ce Pacte identifie des objectifs chiffrés et des actions mesurables, notamment en matière d'emploi, de formation ou de sécurité. Ce dernier sujet constitue une priorité pour les entreprises générales, avec des résultats puisque leur sinistralité est en moyenne plus de trois fois inférieure à celle de la branche.
Vous venez de mener, auprès de vos adhérents, votre enquête annuelle sur la mise en œuvre du Pacte. Quels en sont les principaux enseignements ?
M.R. : Si certains indicateurs sont en repli, l'aggravation de la conjoncture économique n'a pas eu raison du dynamisme des entreprises générales en termes de progrès social. Les performances demeurent, dans l'ensemble, à haut niveau. Dans le registre de la formation professionnelle, les dépenses représentent 3,3 % de la masse salariale des entreprises adhérentes en 2015, contre 1,9 % dans le BTP. Nous n'avons pas atteint notre objectif de 4 %, que nous maintenons, mais la performance est honorable dans le contexte d'une réforme de la formation professionnelle qui a été difficile à mettre en pratique pour les employeurs. Nous plaidons par ailleurs pour un taux d'insertion de 5 % des heures travaillées dans tous nos marchés. Notre savoir-faire est réel, puisque nous réalisons 75 % des heures recensées dans les marchés de travaux. Nous nous engageons aussi à associer systématiquement à la démarche de progrès social nos sous-traitants et les intérimaires. D'où la mise au point d'un référentiel de formation commun aux entreprises générales pour la sécurité des intérimaires.
Quel bilan tirez-vous sur le front de l'emploi ?
M.R. : Le chiffre d'affaires des entreprises générales a baissé de 6,7 % l'an passé. Dans le même temps, les effectifs ont reculé de 5 %. Nos adhérents maintiennent néanmoins un rythme soutenu d'embauches, avec 5 000 recrutements en 2015, en CDI dans 65 % des cas, contre 13 % tous secteurs confondus. Nous nous efforçons ainsi, autant que faire se peut, d'éviter les ajustements trop brutaux et de préparer l'avenir. Les entreprises générales privilégient en outre l'intégration des jeunes : 21 % des effectifs sont âgés de moins de 30 ans.
Comment luttez-vous contre le travail illégal ?
M.R. : Nous avons été précurseurs dans le domaine, dès 2013, en promouvant le badge sur les chantiers. En 2015, environ deux tiers de l'activité des entreprises générales ont ainsi été réalisés dans ce cadre. Cet outil va être étendu à l'intégralité des chantiers du secteur avec l'instauration de la carte d'identification professionnelle.
Avez-vous identifié de nouvelles voies de progrès ?
M.R. : Nous avons ajouté cette année la mesure de notre contribution à l'économie locale et l'emploi de proximité. Ainsi, en 2015, plus de 75 % des marchés sous-traités - représentant environ la moitié de notre activité - ont été attribués à des entreprises implantées localement. Un sujet auquel tiennent nos maîtres d'ouvrage et que nous nous engageons à maintenir dans les mêmes proportions.