Sur des chantiers récemment dépollués de leurs derniers aléas, les engins ont enfin trouvé le terrain de jeu prédictible pour franchir l'ultime étape de l'automatisation. D'abord mise en œuvre pour les tâches les plus répétitives, celle-ci peut désormais s'appliquer aux environnements dynamiques les plus complexes. Un progrès décisif à mettre au crédit des grands constructeurs qui présentaient les derniers fruits de leurs travaux lors du salon Intermat, organisé à Paris, fin septembre.
Pour le visiteur assidu de la foire, difficile de ne pas mesurer le chemin parcouru par les engins depuis quelques années. Les nouvelles générations n'ont pas seulement abandonné leur motorisation thermique, suite à la nouvelle réglementation antipollution Phase 8 entrée en vigueur en 2032. Elles se sont également séparées de leur cabine et, du même coup, de leur conducteur. Mais ce dernier n'a pas disparu. Il s'est simplement éloigné. Une prise de recul nécessaire pour se muer en planificateur. Ainsi sa mission ne consiste plus à piloter un unique engin, mais à coordonner le ballet d'une flotte entière.
Poste de pilotage. Aussi attractif soit-il, ce nouveau métier de chef d'orchestre n'en impose pas moins une montée en compétences des personnels. D'où la mise en œuvre de cycles de formation au sein de toutes les entreprises de construction. Conscients de l'enjeu et des attentes de leurs clients, les industriels se mettent au diapason et entendent eux aussi accompagner les opérateurs. Sur leurs stands, on a ainsi vu se multiplier les offres de stages et les simulateurs qui ne dupliquent plus l'environnement d'une cabine, mais celle des postes de pilotage des flottes.
Le conducteur est devenu un planificateur, qui coordonne le ballet d'une flotte entière d'engins.
D'ailleurs, l'emploi de cet outil se systématise, aussi bien pour les novices que pour les professionnels aguerris qui font face à la hausse du nombre de matériels sur les chantiers, du fait de l'automatisation. Dans les carrières, par exemple, les gros tombereaux ont cédé la place à une série de petits transporteurs rigides, semblables à ceux imaginés à la fin de la deuxième décennie du XXIe siècle. Ce sont eux qui assurent désormais le transfert des matériaux entre le concasseur mobile et le concasseur statique secondaire.
Forte baisse des accidents. Plus compacts et dévolus à des tâches très spécifiques, les matériels modernes sont aussi les grands artisans de la chute spectaculaire des accidents sur les chantiers : seuls cinq ont été recensés en France en 2037. Et pour cause, ils ont permis d'évacuer l'humain de ces environnements à risque.
Pour autant, les bénéfices de leur déploiement ne se limitent pas à la seule sécurité. Les conducteurs de travaux rencontrés dans les allées du salon parisien sont unanimes pour souligner les gains en termes d'efficacité, de rapidité, de productivité et de fiabilité. Autant d'atouts qui concourent à une baisse des coûts des chantiers et expliquent sûrement la bonne humeur qui régnait lors de cette édition d'Intermat.