Les effets de l’inflation se font sentir sur la commande publique

Le nombre de marchés publics passés chaque année diminue mais leur montant augmente, révèlent Intercommunalités de France et la Banque des territoires dans leur baromètre de la commande publique pour 2023-2024. En cause, l’inflation qui tire les prix vers le haut et pousse les acheteurs publics à réduire leurs carnets de commandes. Autres enseignements : les collectivités réalisent plus de la moitié des achats publics et les marchés de travaux restent en tête des contrats conclus. 

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Baromètre commande publique
Intercommunalités de France et la Banque des territoires réalisent chaque année un baromètre de la commande publique.

La commande publique a augmenté en 2023, peut-on lire dans le baromètre publié le 1er octobre par Intercommunalités de France. Avec 89 milliards d’euros d’achats, soit une hausse de près de 4 milliards par rapport à 2022, elle « retrouve ainsi son niveau de 2021 et se rapproche des niveaux réalisés avant la crise sanitaire de 2020 ».

Un effet inflation 

Mais « l’évolution de la commande publique semble portée par l’inflation » tempère l’association de collectivités territoriales, la hausse du montant des achats s'approchant sensiblement du taux d’inflation évalué à 4,9 % en 2023 par l’Insee. Le baromètre relève d’ailleurs que le nombre de marchés passés recule. Deux phénomènes qui conduisent à faire « progresser la valeur moyenne des achats » qui est passée de 465 905 euros en 2018 à 531 382 euros en 2023 (+12 %).

Outre l’inflation, Intercommunalités de France avance comme explication le rattrapage qui serait opéré par les entreprises. Certaines d’entre elles auraient augmenté leurs prix pour « refaire leurs marges après les années difficiles de la crise sanitaire et de la progression du coût des matériaux ».

Des lots plus gros

Troisième piste : les commandes seraient moins alloties, faisant à la fois baisser le nombre de marchés passés et augmenter leur montant. « Récemment certains acheteurs, les opérateurs publics en particulier [organismes et entreprises rattachés à l'Etat et soumis au Code de la commande publique, NDLR] font le choix de réduire le nombre de lots, en les regroupant au sein d’un même appel d’offres », est-il ainsi indiqué. Cette évolution concernerait notamment les marchés publics de travaux.

Net recul en 2024

Le baromètre donne également les premières tendances pour 2024. Avec un net recul au premier semestre par rapport à 2023. Le montant des achats publics dans les six premiers mois de 2024 est de 45,9 milliards d’euros, contre 48,4 milliards d’euros en 2023 sur la même période. Là aussi l’inflation peut expliquer ce mouvement, avec des premières baisses de prix en 2024 et le « retour à des prix normalisés sur un certain nombre de dépenses ».

Les collectivités portent la commande publique

En 2023, les collectivités ont réalisé 50 % (en montant) des commandes publiques. Ce chiffre passe à 67 % si l’on y intègre les achats des établissements publics locaux et des bailleurs sociaux locaux. Les autres marchés publics sont passés par l’Etat (14 %), les hôpitaux et les établissements de santé (9 %) et les organismes publics (8 %).

Dans le détail, les communes représentent 49 % des achats des collectivités locales. Les intercommunalités occupent la deuxième place (22 %), suivies par les syndicats intercommunaux (11 %).

On retrouve ensuite les départements (10 %). Avec un point de vigilance : « Leurs achats accusent un net repli au premier semestre 2024, observe Intercommunalités de France, en lien sans doute avec la chute de droits de mutation à titre onéreux (DMTO) qui affaiblit fortement leur pouvoir d’achat ».

Les travaux en tête des besoins

Les marchés de travaux occupent une place de choix dans les achats des collectivités. Ils représentent 53 % de leurs marchés en 2023. Une importance encore plus grande pour les communes : « Les marchés de travaux pèsent pour 61 % de leurs carnets de commandes ». Ces marchés regroupent une grande diversité d’opérations mais concernent particulièrement le gros œuvre, selon le baromètre qui cite en exemple les travaux de construction, les interventions lourdes sur les bâtiments, les travaux de charpente et de couverture ou encore les démolitions.

Les marchés publics de travaux ont également des montants variés. Intercommunalités de France observe tout de même « un très grand nombre de marchés de faibles montants ».

Les PME bénéficiaires de la dépense publique

« En 2023, la moitié des achats publics (49 %) ont été attribués à des PME », peut-on lire dans le baromètre qui note également « une bonne croissance en valeur de leurs poids dans la commande publique depuis 2019 ». Les contrats conclus avec des PME sont essentiellement des marchés publics passés avec une procédure adaptée (Mapa), tandis que « les grandes entreprises s’orientent plutôt vers des appels d’offres formalisés ».

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