Les données des bâtiments agrégées dans une base nationale unique

Le CSTB a développé une base de données nationale des bâtiments en agrégeant des données existantes. Objectif : cartographier le parc immobilier pour massifier les rénovations.

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La base de données nationale des bâtiments offre aussi bien une lecture cartographique sur l’ensemble de la France qu’une définition à l’échelle du bâtiment.

Une unique base de données nationale où sont compilées les caractéristiques techniques des bâtiments... C’est ce qu’a dévoilé officiellement mardi 14 février 2023 le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Depuis 2019, il travaille avec une centaine d’experts partenaires à son élaboration afin d’alimenter l’outil Go’rénove dont la première version a été livrée il y un an maintenant, dans le cadre du programme Profeel. L’objectif : mieux connaître l'état du parc existant pour permettre aux pouvoirs publics, collectivités, mais aussi bailleurs sociaux et particuliers de choisir la stratégie de rénovation la plus efficace possible.

Cartographie du parc immobilier

La Base de données nationale des bâtiments, dite BDND, « est avant tout une cartographie du parc existant à partir des sources et données préexistantes », commence Lionel Bertrand, directeur adjoint énergie et environnement au CSTB. Désormais, elle agrège, croise et géolocalise les données d’une trentaine de bases issues d’organismes publics, pour la plupart en open data. Parmi elles, la base nationale d’adresses, les données topographiques de l’IGN, les bases des audits de Diagnostic de performance énergétique (DPE), les registres de copropriétés de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) ou encore les informations Géorisque.

« Avec toutes ces données en tête, la BDND est capable d’établir pour chacun des bâtiments résidentiels et tertiaires métropolitains une fiche d’identité personnalisée avec plus de 250 informations disponibles », explique Lionel Bertrand. Elle renseigne notamment son année de construction, sa morphologie, ses surfaces, les matériaux utilisés pour sa construction, ses équipements techniques, son mode de chauffage, ou encore son étiquette DPE et l’empreinte carbone.

Mais, selon les données disponibles, ces fiches d’identités comportent des vides. « Un algorithme prédit alors les valeurs probables des données manquantes, auxquelles sont associés des indices de fiabilité », poursuit le directeur. Des modèles physiques simulent enfin les performances de chaque bâtiment, notamment sa consommation d’énergie et d’émission de gaz à effet de serre, ce qui permet en fait de simuler des DPE sur l’ensemble d’un parc immobilier.

Trois niveaux d'accès aux données ont été définis. Celui en mode "Open"  regroupe toutes les données publiques libres d’accès. A ce jour, le portail data.gouv.fr comptabilise 3000 téléchargements. Les deux autres modes sont à diffusion plus restreinte en raison de la confidentialité de certaines données.

C’est donc une photographie exhaustive haute définition à un instant donné qu’offre la BDNB. Elle sera d’ailleurs actualisée à intervalles réguliers (en moyenne 3 fois par an) afin de suivre l’évolution du parc.

Cibler les actions publiques

Déjà, des cas d’usage illustrent les capacités de la BNDB. On l’a vu, les services en ligne d’aides à la décision de rénovation "go-renove-particuliers" et "go-renove-bailleurs", et prochainement go-renove-collectivités et go-renove-tertiaire, en sont les premiers outils applicatifs.

Mais ce n’est pas tout. Cette base est employée dans le cadre d’études visant à cibler les actions publiques. « Nous menons actuellement des études pour l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) afin de caractériser des parcs de logements localisés dans les Quartiers prioritaires de la ville (QPV) », illustre Lionel Bertrand. Les collectivités territoriales se montrent aussi intéressées. « Par exemple, l’Établissement public foncier de Provence-Alpes-Côte d’Azur utilise la BDNB sur le territoire de Marseille pour cibler les actions locales et agir sur les bâtis à plus fort potentiel », cite le directeur adjoint. 

Fort de cet outil, le CSTB contribue aussi aux observatoires publics. Il participe au projet Trelo en support au Service des études statistiques (SDES) et en lien avec l’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE) afin de simuler à la maille élémentaire des bâtiments des stratégies de rénovations. Il contribue au projet de mise en place du Référentiel national des bâtiments BatID qui va être un dispositif d’immatriculation des bâtiments inter-administration. Le CSTB participe aussi à la mission Connaissance, portée par le Commissariat général au développement durable (CGDD), qui vise à mettre en place des tableaux de bord territoriaux alimentés par de la data.

Prochaine étape, suivre l’impact d’opération de rénovation sur des parcs immobiliers.

Une feuille de route de décarbonation

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Base de données nationale des bâtiments Base de données nationale des bâtiments

Le CSTB a aussi établi, en concertation avec le Plan bâtiment durable, une feuille de route de décarbonation. Si les éléments qui y figurent restent confidentiels jusqu’à leur lecture par le ministère de la Transition écologique, « les données que nous avons compilées grâce à la BDNB nous permettent d’estimer qu’une rénovation globale de 20 % des logements, en particulier les plus énergivores construits après-guerre, permettrait d'économiser 50% du CO2 émis actuellement en France », assure Romain Mège, directeur du domaine d’action stratégique innovation, fiabilisation de l’acte de construire et rénovation.

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