Go or not go ? Faut-il se lancer dans ce projet de rénovation ? C’est à cette question que répondent les services web en ligne Go’Rénove. A destination des particuliers ou des bailleurs sociaux, ils indiquent les caractéristiques et les performances des bâtiments de logements par un croisement de bases de données inédit. Ces outils sont le fruit de trois ans de travail, entre 2019 et 2021. Pilotés par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), ils ont bénéficié d'un budget de 3,2 millions d’euros dans le cadre du programme Profeel, financé par les Certificats d’économie d’énergie.
Capitalisation d’une vingtaine de bases de données
« Ce dispositif est un ensemble vivant, qui agrège et traite en permanence une vingtaine de bases de données disponibles en open data», commence Lionel Bertrand, directeur adjoint Energie Environnement au CSTB, en charge du projet. Une première Européenne, selon son concepteur : « nous avons réussi à fabriquer ce socle de connaissances parce que la France a eu une politique volontariste d’ouverture des bases de données ».
A commencer par les bases des audits de Diagnostic de performance énergétique (DPE), ouvertes depuis juin 2020. « A l’occasion du changement de format du DPE (2021) nous avons travaillé avec l’Ademe pour définir un modèle de données exploitable à 100 % ». Go’Rénove exploite aussi les données de consommations énergétiques annuelles de GRDF et Enedis, disponibles pour les immeubles de dix logements ou plus.
L’outil s’appuie également sur la base nationale d’adresses (non ouverte), qui informe sur la surface et les usages hébergés par les bâtiments. La base de données Topo de l’IGN fournit quant à elle des volumétries en indiquant des emprises au sol et des hauteurs. D’autres bases, comme les registres de copropriétés par exemple, apportent des précisions qui peuvent être recroisées.
Le parc à rénover enfin cartographié
De ce socle commun sont nés deux sites. Le premier est exclusivement dédié aux bailleurs sociaux, qui doivent établir des Plans stratégiques de patrimoine et réduire l’empreinte énergétique de leur parc de logements. Concrètement, l’utilisateur, une fois connecté, pourra consulter l’ensemble de ses bâtiments alors affichés sur une cartographie.
Le portail met à sa disposition une centaine d’informations par bâtiment. A la fois des données brutes, comme des surfaces ou des métrés, mais aussi des données calculées ou simulées. « Par exemple, les éléments des DPE sont recalculés par le système à partir d’autres données, et l’étiquette énergie trouvée n’est alors peut-être pas la même. Le système peut aussi simuler le DPE dans son état rénové. Charge au bailleur d’interpréter ensuite ces données », détaille Lionel Bertrand. «Il a aussi accès à des indicateurs d’opportunité ou de risques qui lui indiquent le gisement d’économie d’énergie possible s’il envisageait une rénovation globale», poursuit-il. « Il peut enfin se comparer à la moyenne nationale des bailleurs sociaux, à partir d’une comptabilité d’une extrême précision de ce qui existe en France », se félicite l’expert. Le site est disponible depuis le 1er février 2022.
Quatre indicateurs pour les particuliers

Pour les particuliers, dont le site devrait être disponible dans le courant du mois de mars, le socle sera le même, avec toutefois quelques adaptations. En effet, « comme les données sont parfois indisponibles, erronées ou dépassées, il n’en résultera que quatre indicateurs par bâtiments, retranscrits de façon ludique », explique Lionel Bertrand.
Le premier indicateur est calculé par analyse des DPE existants, le second par simulation numérique de la consommation à partir des informations connues du bâtiment, selon la nouvelle méthode DPE 2021. Un troisième indicateur évalue le niveau d’inconfort thermique en période de fortes chaleurs. « Il prend en compte l’exposition, la localisation urbaine ou encore le caractère traversant du logement », détaille-t-il. Un dernier indicateur permet d’estimer la valeur à la vente du bien, en prenant en compte l’impact de l’étiquette énergétique.
In fine, particuliers comme bailleurs sociaux vont ainsi pouvoir évaluer théoriquement les bénéfices des futurs travaux. Reste à voir comment évoluera l’outil, qui, dans les trois ans à venir, devrait s’ouvrir aux collectivités territoriales et aux propriétaires de bâtiments tertiaires, dans le cadre de Profeel 2, avec cette fois-ci, un budget de 5 millions d’euros.