Les constructeurs de maisons en crise

Les ventes dans le diffus ont plongé de près d’un tiers entre 2021 et 2022. Et toutes les régions sont durement impactées.

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Immobilier : comment anticiper la budgétisation de la construction de sa maison ?
Immobilier : comment anticiper la budgétisation de la construction de sa maison ?

Les constructeurs de maisons individuelles touchent du doigt la crise du logement. « Nous alertions depuis de nombreux mois, malheureusement, nos prévisions étaient justes », déplore Grégory Monod, président du Pôle Habitat de la FFB, qui réunit majoritairement les constructeurs de maisons individuelles. En 2022, 96 000 maisons individuelles dans le diffus (la majorité des vente) ont été actées. Loin, très loin derrière la moyenne de long terme (2007-2002) qui se fixe à 122 242 unités. « Pourtant, la demande est toujours là : les constructeurs ont des contacts avec les ménages, mais ils sont rattrapés par les contraintes sur l’octroi de crédit immobilier et de hausse des prix de sortie », indique Christophe Boucaut, directeur général de la fédération.

Près de 200 000€ pour une maison.

En 2022, il fallait débourser en moyenne 198 900€ pour faire construire sa maison, hors prix d’acquisition du terrain. Un tarif en forte progression par rapport à 2020, où faire construire sa maison revenait en moyenne à 174 600€. En deux ans, le tarif progresse de 13,9%... mais la surface n’augmente que d’un petit mètre carré sur la période ! « La RE 2020 a fait augmenter les prix de 7,4% en moyenne, avec de fortes disparités selon l’orientation, la zone climatique… Au total, le surcoût oscille de +3% à +14% », poursuit Christophe Boucaut. La hausse du prix des matériaux a également plombé l’équilibre économique des projets. Enfin, certains constructeurs de maisons montent en gamme. Ils proposent des projets plus qualitatifs, et augmentent leur prix pour cibler des ménages plus aisés, indépendants des aides publiques, comme le prêt à taux zéro (PTZ). « Cela passe par une offre différente : de meilleures prestations – nous aménageons par exemple des ateliers, des artisans aux compétences plus fines, des conducteurs de travaux mieux formés, l’intégration d’architectes dans nos équipes afin d’avoir notre propre signature architecturale et de proposer des produits distinctifs », explique le francilien David Lacroix, président de Maisons Berval et Maisons Evolution (groupe Hexaom, lire Moniteur 6218, p14).

Pas de vague de défaillances.

Si le Pôle Habitat de la FFB ne déplore pas une vague de défaillances, ni de licenciements, chez les constructeurs de maison, l’heure est au pragmatisme. « Ils veulent préserver l’outil de production, mais les départs ne sont plus remplacés, assure Grégory Monod. Enfin, certains décident de fermer des agences, notamment dans les territoires hyper concurrentiels. » Pour faire redémarrer la machine à construire, le Pôle Habitat de la FFB demande à ce que le montant maximum pris en compte par le PTZ (le prix total de l’opération donc) soit révisé à la hausse. « Il n’a pas bougé depuis 2014 ! », regrette Grégory Monod. Ce dernier attend « beaucoup de transparence de la part des fournisseurs » dans le cadre de lance l’observatoire gouvernemental sur les prix des matériaux de construction lancé fin janvier. Rappelons que cet observatoire vise à donner plus de visibilité aux entreprises de BTP sur l’évolution des coûts. Le Pôle Habitat espère également une refonte de l’indice BT01 (annexé au contrat de construction de maison individuelle) ce qui leur permet de réviser le prix de vente, « afin qu’il soit mieux corrélé à la réalité de marché », continue le président de fédération. Ce dernier propose aussi la mise en place d’un crédit d’impôt sur les cinq premières annuités de crédit immobilier.

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