Le maire de Bordeaux n’a cité aucun exemple pour expliquer cette volonté, ni ciblé aucun quartier. Il s’inquiète de «la vraie problématique de la qualité de la construction» et met en avant l’importance de réfléchir sur «les matériaux, le savoir-faire et les conditions de travail sur les chantiers». Quand on évoque à Bordeaux la qualité du bâti, il est difficile de ne pas se remémorer l’épisode du balcon qui s’effondre à Ginko en 2015 ou les malfaçons constatées sur des immeubles des Bassins à flot. «Avec Ginko et les Bassins à flot, il y a eu surchauffe, reconnaît Alain Ferrasse, président de la Fédération des promoteurs immobilier (FPI), et il va y en avoir d’autres.» Aux côtés d’élus et d’entrepreneurs, la FPI participe à l’élaboration de cette charte. Qui sera «conventionnelle», précise Alain Juppé. Pour Alain Ferrasse, le point primordial est «l’amélioration du mode opératoire». «Il est essentiel de mieux préparer l’opérationnel, car à chaque projet, on est dans l’urgence et il y a un problème de synthèse des différents corps d’état.» Pour le promoteur, mieux préparer signifie avoir plus de temps. «On doit lancer les travaux dès que les appartements sont vendus et à ce moment-là, les délais sont courts», regrette-t-il.
Miser sur la formation
La FPI pointe par ailleurs le manque de qualification du personnel encadrant. «Il faut créer des postes de conducteurs de travaux chez les promoteurs. Aujourd’hui, les responsables de chantier sont plus juristes et financiers que techniciens. Ils ne connaissent pas le chantier.» «Avec la reprise, il va falloir former, confirme Olivier Salleron, président de la Fédération régionale du bâtiment, notamment au BIM et à la maquette numérique…»
Opter pour la politique du mieux-disant
Dernier point – et pas des moindres - que soulignent les professionnels à l’attention des maîtres d’ouvrage: préférer le mieux-disant au moins-disant. «Il est important de savoir qui est sur les chantiers», insiste Olivier Salleron. Le président met en cause la fraude au travail détaché. «Des salariés viennent faire un chantier durant trois semaines, travaillent 12 heures par jour, dorment dans des parkings et sont payés au lance-pierres. En face, on a perdu 3 000 salariés dans le bâtiment en Dordogne en l’espace de sept ans. Une entreprise qui baisse son prix de 2 ou 3% c’est pour avoir un marché, mais à -25% ou -30%, il y a forcément une illégalité.» Il reconnaît que depuis quelques mois, grâce aux contrôles de la Direccte, la situation a tendance à s’assainir.
Parallèlement à la démarche métropolitaine, le conseil régional devrait également étendre dans les prochaines semaines sa convention des bonnes pratiques pour les marchés publics à tous les départements de la nouvelle région. Elle existe depuis près de sept ans dans l’ex-Aquitaine et donne des orientations quant aux clauses sociales, aux délais de règlement et aux avances forfaitaires.