Les ambitions du groupe Fayat pour son pôle Bâtiment

Le groupe de construction indépendant Fayat a annoncé la création d’un pôle Bâtiment à la fin de l’été dernier. Cette démarche a une double ambition?: structurer l’activité au sein d’un pôle pour lui faire gagner en visibilité, et développer la présence du groupe dans les grands projets de bâtiments. Laurent Fayat et Eric Ferrari, qui dirigent cette entité, nous détaillent leur stratégie et leur vision du marché du bâtiment en France.

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Laurent Fayat, directeur général du groupe Fayat( à gauche) et le président de Fayat, Eric Ferrari ( à droite)

Il y a six mois environ, vous avez regroupé vos activités bâtiment sous le nom de Fayat Bâtiment. Pourquoi ?

Laurent Fayat : Stratégiquement, la création de Fayat Bâtiment a consisté à structurer le pôle bâtiment comme nous l’avons fait dans les autres métiers du groupe. Avec l’acquisition de Cari en 2009, le groupe Fayat est devenu un acteur national dans le métier de l’entreprise générale de bâtiment. Nous regroupons donc nos moyens pour gagner en visibilité et nous positionner sur de plus grosses opérations, y compris en montage, tout en conservant notre modèle très fédératif d’entreprises.

Quelles entités sont concernées ?

Eric Ferrari : Fayat Bâtiment regroupe les équipes « grands projets », les agences régionales de Cari ainsi que les sociétés Bec Construction (Provence, Languedoc, Champagne), SEG-Fayat, Nord France Construction, Roux Cabrero, BP Construction, CICB et Somifa. Urbaine de Travaux, en raison de son activité mixte (BTP) en Ile-de-France, est directement rattachée à Laurent Fayat.

Que deviennent l’entité et la marque Cari ?

Eric Ferrari : Fayat Bâtiment est à la fois le nom de la division bâtiment du groupe et la raison sociale de l’entreprise qui s’appelait Cari dont le nom disparait. En revanche, celui des anciennes agences régionales est préservé. Juridiquement, nous transformons la raison sociale Cari en Fayat Bâtiment. Toutes les filiales actives dans ce domaine sont regroupées dans la division bâtiment  que je dirige mais gardent leur raison sociale. En Aquitaine par exemple, Cari Aquitaine et SEG-Fayat gardent leur nom ainsi que leur autonomie.

Comment ces marques régionales travaillent-elles ensemble?

Laurent Fayat : Une coordination commerciale a été mise en place mais chaque entité reste autonome. Un centre de profit est efficace quand il réalise une trentaine de millions d’euros de chiffre d’affaires. En fonction de notre volume d’activité, il peut donc en exister deux ou trois dans une région. Ponctuellement, rien n’empêcherait que deux entités répondent sur une même affaire. Mais dans la période actuelle, cela a moins de chances de se produire. Ensuite, nous développons des synergies au niveau du groupe pour gérer les opérations d’envergure.

Quelles sont vos ambitions en termes de grands projets?

Laurent Fayat : Nos plus grandes structures réalisent au maximum 70 millions d’euros de chiffre d’affaires. Une opération supérieure à 25 millions peut donc difficilement être assumée par une entité régionale seule. Ce n’est pas qu’une question de taille : la complexité des opérations en conception-réalisation nécessite aussi une recherche d’efficacité en termes de coordination, de rationalisation et d’action, avec des moyens de pilotage et d’études. Le regroupement de ces moyens au sein de Fayat Bâtiment, pour les grands projets, nous permet donc le ciblage  d’opérations d’envergure. La clé est de constituer, le plus en amont possible, l’équipe qui aura les meilleures chances de gagner.

Eric Ferrari : Dans un marché où la commande publique se contracte, nous nous positionnons également auprès d’opérateurs privés dans le cadre de projets d’ensemblier d’importance. Nous réalisons déjà 35% de notre activité via des marchés globaux (conception-réalisation, partenariats public-privé,  délégations de service public…grâce à l’appui de la direction des PPP et concessions du groupe). Ces contrats permettent une meilleure optimisation des coûts de construction des projets, et peuvent remédier aux difficultés de financement du secteur public. C’est dans cette formule que notre organisation et nos équipes multi-métier trouvent toute leur pertinence.

Les maîtres d’ouvrage essaient-ils de faire intervenir l’entreprise plus en amont ?

Eric Ferrari : La plupart oui. Près de 50% de notre activité en commande privée se fait sur coût d’objectif avec un engagement de prix maximum garanti par l’entreprise. Une démarche où, comme sur les marchés en conception/réalisation, la mobilisation de l’entreprise en amont permet une optimisation des méthodes, des délais, des techniques et des coûts de construction.

Laurent Fayat : J’ajouterai toutefois que si les maîtres d’ouvrage sont très attentifs aux coûts, les entreprises ne peuvent pas être constamment la variable d’ajustement entre le coût du foncier et le prix de l’opération.

Comment s’organise le travail sur les grands projets entre le groupe, les filiales locales et les autres divisions de Fayat ?

Eric Ferrari : Chaque grand projet est piloté par Fayat Bâtiment. Comme tout chef d’orchestre, il organise les moyens d’étude et de réalisation auxquels participent nos entités régionales qui ont leur quote-part de chiffre d’affaires. Nous devons conserver cette force, tout en renforçant notre maîtrise de l’ingénierie tous corps d’Etat afin de pouvoir réaliser les opérations avec le niveau d’efficience adéquat.

Laurent Fayat : Si nous voulons être compétitifs en entreprise générale, il nous faut aussi travailler en partenariat avec des entreprises locales, notamment pour le second œuvre. Nous sommes historiquement spécialiste de gros œuvre et de génie civil devenu entreprise générale, devenu concepteur-réalisateur, devenu ensemblier. Mais nous ne sommes pas des contractants généraux ! Les maîtres d’ouvrages apprécient d’avoir face à eux une entreprise qui dispose d’importantes compétences propres auxquelles nous pouvons faire appel et que nous maîtrisons pour réaliser le chantier (fondations spéciales, charpente, enveloppe, équipements techniques…). Ces synergies avec les autres divisions du groupe vont être confortées, en espérant voir naître des niches de croissance et de nouvelles perspectives de développement.

Quelle visibilité avez-vous sur 2013 ?

Laurent Fayat : Malgré un ralentissement de la commande publique et une diminution - significative en province - des investissements privés, nous envisageons une année 2013 stable par rapport à 2012. Notre carnet de commandes atteint en effet 700 millions d’euros, s’étalant sur plus de deux ans en raison de l’inertie naturelle liée aux grands projets.  Si nous ne sommes pas inquiets à court terme, on ne peut toutefois pas dire que le marché est euphorique, surtout si l’on regarde au-delà de 2013. Mais Fayat Bâtiment d’une part est jeune, et d’autre part n’est pas en position hégémonique sur le secteur de la construction. Elle a donc un potentiel de développement assez important et toute sa place sur le marché.

Quel jugement portez-vous sur les niveaux de prix ?

Laurent Fayat : La conjoncture nous oblige à faire preuve d’intelligence, de réactivité, à être performants dans nos achats, à bien tenir nos coûts de revient comme dans des secteurs plus industriels.

Eric Ferrari: Nous n’avons pas d’autre alternative que de faire des gains de productivité. Nous nous appuierons sur le groupe pour améliorer nos conditions d’achats auprès des industriels et optimiserons nos projets en nous positionnant le plus en amont possible. Mais nous devons aussi veiller à laisser suffisamment d’autonomie aux différentes entités qui composent Fayat Bâtiment pour que l’esprit d’équipe, clé du succès, perdure.

Allez-vous lever le pied sur les acquisitions ?

Laurent Fayat : Nous sommes présents dans toutes les régions économiques à l’exception de Bretagne/Pays-de-Loire et de l’Alsace/Franche-Comté. Après l’acquisition de Cari, nous avons dû travailler pour en refaire un bel outil. Il est aujourd’hui bien dimensionné et performant pour répondre à la demande de nos clients. C’était indispensable, d’autant que  le marché devient plus difficile.

Eric Ferrari : Nous avons aujourd’hui les managers régionaux et les équipes nécessaires pour tenir nos positions historiques, principalement dans le Sud-Ouest, le Sud-Est, le Nord et le Nord-Est, et nous développer, de manière opportuniste, dans les zones les plus dynamiques comme l’Ile-de-France et dans une moindre mesure Rhône-Alpes. Nous avons ainsi acquis BP Construction en Haute-Savoie il y a un peu plus d’un an.

Continuez-vous à recruter ?

Eric Ferrari : Notre politique de recrutement reste assez active. Nous recherchons une trentaine de cadres, une trentaine d’agents de maîtrise et une centaine de compagnons. Principalement sur l’Ile-de-France.

Comment cette réorganisation est-elle vécue en interne ?

Laurent Fayat : Annoncée cet été,  Comme il n’y a pas de grand bouleversement et que elle n’a pas bouleversé les équipes et préserve les marques. Elle est donc très bien vécue. Le sentiment d’appartenance au groupe est renforcé. Avec un grand plus pour les évolutions futures des équipes à l’intérieur du groupe. Nos collaborateurs, jeunes et moins jeunes, comprennent qu’ils peuvent avoir chez nous une belle évolution de carrière avec un épanouissement dans la durée. Nous veillons à leur donner des perspectives et du plaisir dans leur travail.

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