Battu par les vagues et les tempêtes, Fort Boyard - construit au large des côtes de Fouras (Charente-Maritime) - a perdu ses deux protections originelles. Pour sauver le bâtiment de la ruine, le conseil départemental de la Charente-Maritime a annoncé, il y a quelques mois, un vaste plan de reconstruction du havre d’accostage et de l’éperon. Un chantier estimé à quelque 36 millions d’euros HT.
Le 14 juillet, Merceron TP a donné le coup d’envoi de ces travaux atypiques. Charles Garcia, chargé d’affaires au sein de l’entreprise vendéenne, explique : « Ces travaux de terrassement nous permettent de préparer les assises des futurs ouvrages. Ils seront posés au nord et au sud du fort et reposeront sur un matelas de matériaux granulaires ». L’une des principales contraintes du chantier est de composer avec les marées : l’eau doit être suffisamment basse pour permettre l’intervention de la pelle mécanique. Installée sur une barge, celle-ci extrait les sédiments afin d’atteindre 1,6 mètre de profondeur.
Les matériaux récupérés sont ensuite transférés dans un bateau à coque mobile, qui les déverse dans les fosses marines autour du fort. Ces opérations ne constituent toutefois que la première étape d’un chantier appelé à durer trois ans.
Installée sur une barge, la pelle mécanique extrait les sédiments qui sont ensuite transférés dans un bateau à coque mobile et déversés dans les fosses marines autour du fort. © Imagine Créations
Des protections pour les 100 prochaines années
L’entreprise nantaise de génie civil ETPO, qui a remporté le marché de conception-réalisation, débutera en octobre prochain la construction des deux ouvrages aux dimensions impressionnantes : 30 mètres par 30 mètres avec une hauteur de 11 mètres pour le havre d’accostage et de 9 mètres pour l’éperon. Chaque protection pèsera entre 3 000 et 4 000 tonnes. « Les ouvrages d’origine étaient en maçonnerie. Les nouveaux éléments, conçus pour durer un siècle, seront en béton armé. Les enrobages atteindront 65 mm afin d’éviter la corrosion des aciers », précise Jean-Bruce Boisson, directeur d’exploitation chez ETPO qui précise que la longévité n’est pas le seul atout de ce matériau.
« Le béton permet une fabrication hors site ». En effet, c’est au sein d’une forme de radoub de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) qu’ils seront construits avant d’être acheminés à La Rochelle (Charente-Maritime) puis tracté par flottaison sur site. « Les deux ouvrages seront vides à l’intérieur. Une fois en place, ils seront lestés grâce à quelque 7 000 tonnes de granulat classique et de magnétite, matériau très dense, poursuit le directeur. Pour respecter l’architecture en pierres apparentes du fort, le havre sera maçonné ». La pose de ce dernier est programmée pour juillet 2026 et celle de l’éperon un an après.
Durant les trois ans du chantier, une opération de restauration de la risberme, ceinture de six mètres de large qui entoure le fort, est aussi prévue. Les premières interventions sont attendues pour les grandes marées d’équinoxe de septembre prochain.
