En plein boom dans le sillage des services express régionaux métropolitains (Serm), l’intermodalité rail vélo crée l’opportunité de démontrer la synergie entre les deux volets de l’activité d’Altinnova, contraction des mots Alternatif et Innovation. Née en 2003 à Bonson (banlieue de Saint-Etienne, dans la Loire) dans la conception et la fabrication de stationnements dédiés à la petite reine, la PME a internalisé leur exploitation et leur maintenance avec le rachat, en 2020, du rennais Senseyou, rebaptisé Diwio.
Pure player
Présidente et fondatrice de l’entreprise d’une centaine de salariés, Corinne Verdier résume sa stratégie de pure player des équipements vélo : « Depuis plus de deux décennies, l’adaptation aux besoins des cyclistes constitue notre ADN. Nous le déclinons dans un catalogue de solutions adaptées à des collectivités de toutes tailles, comme à des ensembles résidentiels ».
Enracinée dans un territoire identifié comme un berceau français du design et de l’industrie du vélo, la fabrication ne débouche pas nécessairement sur des contrats d’exploitation. Gérées par un prestataire local, les stations Chronovélo du réseau cyclable de Grenoble sont sorties des ateliers de Bonson.
Neuf ou reconversion
Ce premier volet de l’activité d’Altinnova peut se décliner dans des locaux neufs ou dans la reconversion de bâtiments existants. « Dans les centres anciens, nous sommes souvent amenés à adapter nos offres aux exigences des architectes des bâtiments de France », précise Corinne Verdier, habituée au dialogue avec la maîtrise d’œuvre des espaces publics.
Du conseil à la concession, les marchés d’exploitation se déclinent dans plusieurs formules. Lorsqu’elle accède à la gestion déléguée, Diwio mobilise des prestataires extérieurs pour la maintenance, comme le montre le marché de la RATP: l’association d’insertion Etudes et chantiers nettoie les abris et renouvelle les racks, pour le compte du spécialiste du stationnement vélos.
Software dédié, hardware robuste
Avec 45 000 utilisateurs pour 8000 places de stationnement sécurisées et gérées par ses soins en France, la filiale d’Altinnova revendique plus des deux tiers du marché, face à une concurrence composée d’acteurs locaux. Cette place récompense sa stratégie de mono-spécialiste : « Parties de zéro, nos applications découlent d’une maîtrise complète du métier », explique Maxime Silbertein, directeur marketing de Diwio. Selon lui, la compréhension des besoins des utilisateurs finaux préserve contre le risque de sous-utilisation des équipements.
La robustesse des matériels complète la maîtrise des logiciels : « Ecoconçus en plastique recyclé et recyclable, nos boîtiers sur rack font l’objet de tests de vieillissement accéléré, qui simulent 10 ans d’utilisation », précise Maxime Silberstein. Le directeur marketing insiste sur l’irréprochabilité de la qualité de service, jusque dans l’ambiance des locaux : « Un critère particulièrement important pour les femmes qui constituent une part croissante de notre clientèle », souligne-t-il.
Le tremplin luxembourgeois
En région parisienne, la RATP, Ile-de-France Mobilités et la SNCF comptent parmi les clients d’Altinnova. « Cette expérience nous donne une longueur d’avance pour aller vers d’autres territoires candidats aux Serm », confirme Corinne Verdier. Parmi les régions urbaines concernées, celle de Bordeaux figure déjà en bonne place dans la clientèle de Diwio et Altinnova, notamment à travers les gares de Libourne et Saint-Loubès.
La conquête de ce nouveau marché peut aussi passer par les métropoles transfrontalières. Altinnova a déjà installé ses racks à Annemasse (Haute-Savoie), desservie par le Léman Express, premier RER non francilien en service en France. Surtout, la PME française a séduit les Chemins de fer luxembourgeois (CFL) sur l’ensemble de leur réseau, soit 2300 places réparties dans 84 parkings. Ce service baptisé Bikebox lui permet de prendre pied sur l’un des trois Serm labellisé dans le Grand Est : celui du sillon lorrain, destiné à renforcer les liens entre la capitale du Grand-Duché et les agglomérations de Nancy (Meurthe-et-Moselle), Metz et Thionville (Moselle).
Le vaccin antivol
Forte de ce succès à l’exportation décroché en 2022 pour trois ans renouvelables par avenant, la PME n’hésite plus à franchir les frontières, y compris dans des pays beaucoup plus avancés que la France, du point de vue de la part modale du vélo. Altinnova a conclu récemment ses premiers marchés avec la ville-Etat de Hambourg (Nord de l’Allemagne), et déploie sa prospection vers l’Europe du Nord.
Dans cette stratégie de conquête, le Français bénéficie d’un avantage paradoxal : « Notre savoir-faire découle du triste record détenu par la France dans le vol de vélos, soit 400 000 par an. Ce phénomène connaît un fort développement dans le reste de l’Europe », analyse Maxime Silberstein.
Marqueur territorial
L’entreprise ajoute un autre argument : « Plus que sur des abris vélo, la demande se focalise de plus en plus sur la structuration de réseaux territoriaux », constate Maxime Silberstein.
Le concepteur, fabricant et exploitant se voit comme un marqueur d’identité territoriale, avec à l’esprit l’exemple des vélos Navigo, véhicule de l’image d’Ile-de-France Mobilités.