Porté par l’industrie cimentière avec les producteurs de béton prêt à l’emploi, de béton industriel et de granulats, le projet Recybéton, dès le stade de réflexion en 2009, a reposé sur plusieurs constats : en France, sur les 300 millions de tonnes de déchets de chantiers produits par an, seule une partie du béton est valorisée en remblais et travaux routiers ; les granulats recyclés ne représentant qu’environ 5% de la production nationale de granulats.
Par ailleurs à l’étranger, commençaient à apparaître de nouveaux domaines d’emploi : comme la réalisation de béton de structure incorporant du béton recyclé dans certains pays européens (Allemagne, Pays-Bas, Danemark, Norvège, Suisse), ou encore en République Tchèque, où une étude de l’université de Brno révèle la possibilité d’utiliser les fines du béton recyclé comme matière première pour l’élaboration du clinker.
« Ce travail préparatoire d’analyses de recherche bibliographique nous a permis d’envisager le montage d’un projet d’envergure sur l’utilisation la plus complète possible du béton de déconstruction, avec en ligne de mire la participation active de tous les acteurs concernés», explique Horacio Colina, Directeur du projet Recybéton et Directeur Délégué au Développement Technique de l’ATILH (Association Technique de l'Industrie des Liants Hydrauliques).
Véritable enjeu pour toute une filière, le recyclage du béton est intéressant à plus d’un titre.
S’il offre un large champ d’opportunités, il s’appuie aussi sur un énorme gisement de matériaux de déconstruction. Il est d’autant plus important qu’il s’inscrit dans un contexte de développement durable, avec des ouvertures de carrières de plus en plus difficiles et des coûts de mise en décharge toujours plus élevés.
Le projet Recybéton s’est fixé deux objectifs ambitieux : la réutilisation de l’intégralité des matériaux issus des bétons déconstruits, y compris les fines, dans de nouveaux bétons (à l’exception des bétons à hautes performances) et le recyclage de matériaux issus de la déconstruction des bétons comme matière première pour la production de liants hydrauliques (pour produire le clinker ou comme constituant de nouveaux produits).
A travers des chantiers et des expérimentations en laboratoire, le programme de recherche et développement, d’une durée de 4 ans, apportera les solutions aux verrous relevés lors de l’étude de faisabilité, comme par exemple la difficulté de séparer la partie fine de la partie grossière du béton concassé, ou encore la moins bonne qualité des bétons élaborés avec des granulats recyclés…
Concrètement, 5 thèmes de travail dont deux transversaux ont été déterminés.
Le premier «Technologies et procédés» porte sur le tri sélectif et les procédés de séparation des différents constituants du béton et ceux permettant de les utiliser pour fabriquer des nouveaux bétons ou du ciment.
Le second «Matériaux et structure» s’attache à repenser l’utilisation des granulats issus du concassage des bétons de déconstruction dans des bétons traditionnels, en particulier dans les bétons de structure, pour lesquels la partie fine résultante du concassage est peu ou pas du tout utilisée.
Le thème «Développement durable» doit approfondir les connaissances sur les impacts possibles du recyclage du béton (économique, sociétal, santé) et évaluer le développement de la filière.
La vocation de la partie «Aspects réglementaires et normatifs» est d’identifier les incidences de la réglementation et les freins qu’elle peut impliquer à l’utilisation du béton recyclé, au niveau européen et français, pour proposer des modifications des différentes réglementations. L’un des points d’orgue en sera l’édition d’un guide de recommandations, encadrant l’utilisation de granulats recyclés selon la destination des bétons.
Quant au thème «Valorisation», l’idée est de promouvoir le projet par la création d’un site internet, l’organisation de conférences, de formations et l’édition de guides.
Les thèmes ainsi déterminés correspondront à des groupes de travail constitués avec les partenaires, dont certains ont déjà participé aux réunions préparatoires. Il s’agit d’entreprises du BTP, industriels, syndicats d’entreprises, centres de recherche et laboratoires privés et publics, écoles d’ingénieurs et universités. « D’autres pourraient être amenés à s’y intéresser de près comme les maîtres d’ouvrages qui ont intérêt à viser la qualité des bétons recyclés dans leurs opérations», précise Horacio Colina.
Les partenaires devront s’acquitter d’une contribution financière : une cotisation, calculée sur une base annuelle fixée selon les catégories des partenaires, des apports en nature et des participations exceptionnelles.
Ayant passé avec succès les trois étapes obligatoires de validation par la Direction de la Recherche et de l’Innovation du Ministère de l’Ecologie, le projet Recybéton, au budget prévisionnel de 5 millions d’euros, subventionné par l’Etat à hauteur de 20%, sera officiellement lancé le 27 janvier avec l’Assemblée constitutive, au cours de laquelle sera élu le président
