Le nouveau marché des logements à mi-temps

Promoteurs, bailleurs sociaux ou encore hôteliers pourraient se lancer dans les résidences à mi-temps, qui en est à ses balbutiements en France.

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Illustration de Martin Jaubert, architecte associé de l'agence parisienne Majma, intéressée par le nouveau marché des logements à mi-temps.
Illustration de Martin Jaubert, architecte associé de l'agence parisienne Majma, intéressée par le nouveau marché des logements à mi-temps.

Un quart des actifs en France télétravaillent, contre 7% avant la pandémie, selon l’Observatoire Société Consommation (Obsoco). Cette nouvelle donne a fait émerger une nouvelle forme d’habitat : le logement à mi-temps, objet d’un débat au Pavillon de l’Arsenal à Paris (IVe) le 3 juin.

Les intervenants sont partis d’un sondage lancé en mai 2021. Résultat, 612  « volontaires et intéressés » ont répondu afin de mieux cerner les attentes des personnes à loger de façon « temporaire mais régulière », commente Catherine Sabbah, déléguée générale de l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (Idheal), association financée par Action Logement, EngieNexity et douze autres entreprises.

Appartement réversible

Surprise : les candidats à un logement à occuper du mardi au jeudi ou du vendredi au dimanche affichent des profils variés. Outre les cadres, quatre catégories émergent : les étudiants, les alternants qui naviguent entre école et entreprise situées dans deux villes différentes, des grands-parents qui visitent régulièrement leur enfants et petits-enfants ainsi que des malades qui suivent un traitement médical, par exemple une chimiothérapie toutes les deux semaines.

Les répondants veulent une chambre au sein d’un T3 ou d’un T4, et « pas une capsule », insiste Catherine Sabbah. Ces derniers n’ont « pas envie de s’installer », poursuit-elle.

Dans cet appartement réversible, le séjour peut devenir chambre ; la cuisine et les WC restent communs. Et la salle de bain ? A voir, selon la typologie du logement.

Les équipements souhaités sont sommaires : un lit, une douche, un réfrigérateur… Et les services demandés se limitent à l’essentiel : « il y a un besoin d’encadrement mais pas d’une pléthore de services comme le propose le coliving », observe Catherine Sabbah. Dernier point important, ces locataires d’un nouveau genre souhaitent ranger leurs affaires personnelles, dans un casier ou dans une chambre.

La majorité (41%) des sondés sont prêts à débourser entre 40€ et 60€ par nuit et à s’engager sur un an (42%). Et 75% d’entre eux veulent un logement proche du lieu de travail et près des transports.

Des opportunités autour de Massy-TGV

Pour l’heure, le logement à temps partiel se manifeste uniquement dans l’existant. En témoignent les dizaines de studios et chambres privatives à Paris, Lyon et Bordeaux du gestionnaire de biens loués à temps partiel FlexLiving, créé en 2021.

Reste que ce nouveau type de logement peut s’appliquer au neuf. « L’immeuble serait un lieu de rassemblement avec un commerce de bouche en rez-de-chaussée pour les occupants qui n’ont pas besoin d’une cuisine. Ce serait facile à installer dans un quartier de bureaux, afin de répondre aux salariés qui exigent de télétravailler », remarque Antoine Maitre, architecte associé de l’agence parisienne Majma.

Un endroit idéal pour créer les premières résidences à mi-temps ? « Un quartier proche d’une gare et des bureaux, mais pas forcément un quartier d’affaires », suggère Catherine Sabbah. « La gare de Massy TGV permet d’aller à Marseille, Lyon et de repartir vers les grandes villes de l’Ouest. Autour se trouvent des sièges de grandes entreprises qui ont signé des contrats de télétravail et pourraient mutualiser une résidence », imagine Antoine Maitre.

Après le ticket-resto, le ticket-logement ?

Ce nouveau marché des logements à mi-temps répond « aux attentes de flexibilité de nouvelles générations, aux métiers de plus en plus digitalisés », relève-t-il. « Dans les accords de télétravail, les employeurs accordent très peu d’attention aux conditions de logement », complète Catherine Sabbah.

Ces derniers ne prévoient pas par exemple de ticket-logement sur le modèle du ticket-resto. Or, la tendance de réduction des surfaces de bureaux va générer des économies pour les entreprises qui devront partager le gâteau avec leurs salariés obligés de trouver un toit à Paris ou ailleurs, une ou deux fois par semaine.

Parmi les acteurs potentiellement intéressés : les investisseurs institutionnels séduits par le résidentiel et « des groupes hôteliers comme Accor qui se réinventent quotidiennement », note Antoine Maitre. Idheal a de son côté échangé sur le sujet avec « des promoteurs et des bailleurs sociaux qui travaillent aussi sur le logement intermédiaire », qui permet d’adresser ce type de locataires, selon Catherine Sabbah. Mais pour l’instant, rien de concret. Aucun immeuble existant à transformer ni programme à lancer par l’un de ses partenaires n’a été identifié.

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