Volubilis, ancienne cité romaine située dans la région de Meknès (Maroc), est aujourd’hui un site touristique (300 000 visiteurs par an). Elle s’est dotée, en 2010, d’un « visitor center » comprenant un musée, des bureaux administratifs, un laboratoire, des réserves, les logements du conservateur et des chercheurs. A l’origine, l’opération avait suscité la réprobation de l’Unesco, qui avait menacé de rayer de sa liste ce site classé au patrimoine mondial de l’humanité… avant de se raviser et de considérer ce nouvel équipement, conçu par Kilo Architectures (Tarik Oualalou et Linna Choi), comme un modèle d’intégration dans un paysage quasi inchangé depuis plus de deux mille ans.
C’est en effet au creux d’un talus, ménagé pour l’occasion dans un terrain pentu, que les corps de bâtiment sont venus se ficher, excluant toute émergence dans l’environnement. Les matériaux employés sont en osmose avec le paysage et son histoire : le béton, inventé par les Romains ; la pierre de Volubilis et le cèdre de l’Atlas. La mise en œuvre donne la sensation d’un bâtiment fait à la main. « Par rapport à la France, les coûts de construction sont inversés : au Maroc, ce sont les matériaux qui sont chers, tandis que la main-d’œuvre est à bas prix », observe Tarik Oualalou. D’où les quatre années nécessaires à un chantier artisanal, réalisé à l’aide d’une petite bétonneuse et de simples pelles pour excaver le terrain. Résultat, un édifice de style brutaliste, mais minutieusement calepiné, les traces des banches laissées sur le béton brut étant alignées avec la largeur des planches de cèdre qui enveloppent le bâtiment.
De nationalité marocaine et française, Tarik Oualalou, qui a quitté son pays d’origine à quinze ans, affirme posséder la distance nécessaire pour redécouvrir le Maroc et ses modes constructifs « en prenant garde, surtout, de ne pas appliquer de recettes françaises ».






