Le concours international d’architecture pour doter le musée du Louvre d'une nouvelle entrée est lancé

L’avis de concours restreint de maîtrise d’œuvre pour le «Projet Louvre - Grande colonnade» a été publié le 27 juin. Le futur chantier doit permettre de créer un nouvel accès au musée parisien, ainsi que des espaces dédiés à la présentation du joyau de sa collection, la Joconde. La date limite pour adresser une demande de candidature est fixée au 1er septembre prochain. Cinq équipes seront alors sélectionnées pour remettre, anonymement, une offre.

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La colonnade du Louvre
Autrefois façade principale de l'édifice, la grande colonnade du Louvre retrouvera de son prestige avec l'aménagement, à ses pieds, d'une nouvelle entrée majeure du musée.

La compétition architecturale sans doute la plus attendue de l’année est lancée. L’avis annonçant l’ouverture du «Concours international d'architecture pour la création de nouveaux accès et espaces au sein du musée du Louvre et l'aménagement de ses abords», autrement appelé le «Projet Louvre - Grande colonnade», a été publié le 27 juin.

Le document, ainsi que le dossier détaillé, à télécharger sur la plateforme des marchés publics de l’Etat, Place, fixe les règles de la procédure et, surtout, décrit les attendus de l’opération. Le chantier à venir doit en effet permettre au palais-musée d’offrir, à l’horizon 2031, des conditions d’accueil dignes de son rang.

Cinq candidats sélectionnés

A ce stade, la première phase de la procédure est enclenchée : les architectes et les équipes qu’ils auront constituées ont jusqu’au 1er septembre 2025 pour déposer une demande de candidature. Pour ce concours restreint sur esquisse, le jury sélectionnera cinq candidats qui devront ensuite remettre une offre anonyme. Le projet lauréat sera dévoilé au cours du premier trimestre 2026 (voir le calendrier prévisionnel ci-dessous).

Ce concours prestigieux, mais surtout nécessaire, avait été annoncé par le président de la République Emmanuel Macron en janvier dernier comme une pièce d’une stratégie plus globale visant à résoudre les problèmes engendrés essentiellement par la surfréquentation de l’institution. L’établissement public du Musée du Louvre entend, de la sorte, permettre une découverte plus agréable et plus enrichissante de ses collections tout en offrant à ses agents de meilleures conditions de travail.

Dans ce contexte, il faudra être capable de répondre à plusieurs questions. Les concurrents devront tout d’abord trouver le moyen d’ouvrir une nouvelle porte d’entrée. Aujourd’hui, les visiteurs disposent de quatre points d’accès au musée. Mais l’un d’entre eux, la Pyramide réalisée par l’architecte sino-américain Ieoh Ming Pei (1917-2019) à la fin des années 1980 dans le cadre du chantier du Grand Louvre, concentre plus de 50% des flux. Il s’agit donc de désengorger ce passage situé dans la cour Napoléon, en face du jardin des Tuileries en faisant basculer une partie des flux vers l’est du site et l’esplanade de la grande colonnade.

Il reviendra aux cinq équipes en lice pour la seconde phase d’imaginer le trajet des visiteurs depuis cet espace public donnant sur la rue de l’Amiral-de-Coligny dans le Ier arrondissement de Paris, jusqu’à un nouvel espace d’accueil. Par ailleurs, la colonnade, véritable chef d’œuvre d’art classique qui représentait à l’origine la façade principale du palais du Louvre, s’élève aujourd’hui au-dessus de fossés créés à partir des années 1960 sur décision d’André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles.

«Traitement de la différence altimétrique»

La difficulté, pour les concurrents, ainsi que le souligne la notice méthodologique du dossier de candidature, sera de reconfigurer «l’esplanade située devant la Grande Colonnade (…) afin de relier de manière progressive le niveau de la voirie à celui des fossés. Le traitement de la différence altimétrique constitue l’enjeu majeur du projet pour assurer un cheminement à la fois accessible pour tous les publics, confortable et parfaitement intégré sur le plan patrimonial, architectural et urbain.»

En effet, il s'agira de faire aboutir les visiteurs dans le nouvel accueil établi… en souterrain. Dans les dessous du quadrilatère Sully et de sa bien-nommée cour Carrée, les équipes devront également concevoir des espaces d’exposition et en particulier la salle qui sera réservée à une star incontestée du Louvre, la Joconde... Alors que le tableau de Léonard de Vinci suscite aujourd’hui des embouteillages dans l’aile Denon, au mépris de tous les autres chefs-d’œuvre alentour, l’opération «grande colonnade» prévoit non seulement de lui offrir un écrin dédié mais de le compléter par un parcours destiné à fournir toutes les clés de compréhension de la dame au sourire énigmatique.

A ce sujet architectural et muséographique, s’ajoutent des ambitions urbaines et paysagères. D’une part, dans l’enceinte même du Louvre, est prévu le réaménagement en surface de la cour Carrée. La note méthodologique fait, là, montre de prudence. Le projet devra être de nature à respecter «cet ensemble architectural et patrimonial exceptionnel. Il devra amener les visiteurs à s’arrêter pour contempler la beauté des lieux. La végétalisation sera envisageable mais elle ne devra pas empêcher les vues sur l’architecture. Aucune émergence ne sera autorisée

Colonnade du musée du Louvre à Paris (Ier)
Colonnade du musée du Louvre à Paris (Ier) Colonnade du musée du Louvre à Paris (Ier) (Alena - stock.adobe.com)

L'esplanade de la Colonnade du Louvre est aujourd'hui un espace sans qualité. © Alena/Adobe Stock

Par ailleurs, faire de la base de grande colonnade la cinquième porte du Louvre implique aussi de repenser les abords du musée. Pour l’heure, l’esplanade qui dépend de l’établissement public du musée, et donc de l'Etat, est une étendue gravillonnée sans aucune qualité. Mais le projet voit plus loin en incluant non seulement les fossés et les jardins latéraux mais aussi l'esplanade Saint-Germain l'Auxerrois, la rue de l'Amiral de Coligny et la place du Louvre, autant d’espaces publics qui appartiennent, eux, à la Ville de Paris. Un accord a été conclu pour que toute la zone soit placée sous la maîtrise d’ouvrage du musée du Louvre et puisse bénéficier de la sorte d’un projet unique et cohérent. En phase opérationnelle, la maîtrise d’ouvrage sera déléguée à L’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la Culture (Oppic), qui n’est autre que l’héritier de la structure créée pour mener le chantier du Grand Louvre des années 1980 à 1990.

Compétences nombreuses

Au vu de la multiplicité des ambitions, les équipes candidates devront réunir des compétences nombreuses : l’architecte mandataire devra s’entourer de concepteurs urbains et paysagers ainsi que d’experts en muséographie, en gestion des flux, en accessibilité… Par ailleurs l’établissement public du musée du Louvre entend que ce futur chantier soit exemplaire en matière de transition écologique. Le projet pourrait s’inscrire dans la démarche Bâtiments Durables Franciliens (BDF) ou encore viser le label «Engagement économie circulaire.»

En revanche, toutes les interventions qui relèveront de la conservation et de la restauration patrimoniales seront dirigées par l’Architecte en chef des monuments historiques (ACMH) en charge du Louvre récemment nommé, François Chatillon. Une parfaite coordination sera de mise entre l’équipe lauréate du concours et celle de ce dernier, qui aura la responsabilité des travaux préparatoires, notamment à l’aménagement des nouvelles salles sous la cour Carrée.

Parmi les conditions du concours de maîtrise d’œuvre, figure enfin l'enveloppe financière prévisionnelle des futurs travaux. Le coût de la création du nouvel accès, d’aménagement - y compris scénographique - des espaces d’accueil et d’exposition dans le musée et du chantier de tous les espaces publics (Etat et Ville) est ainsi évaluée à 135 685 000 € HT (valeur avril 2025).

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