Les représentants politiques, syndicaux, des professionnels du BTP, etc. s’étonnaient, en 2019, que les problèmes de logement ne soient pas remontés en tête des préoccupations des Français à l’occasion du « Grand débat national », lancé par Emmanuel Macron suite à la crise des Gilets jaunes.
Ces derniers estimaient que la thématique du logement transparaissait pourtant au travers de toutes celles qui remontaient du terrain. Le problème d’accès à l’emploi ? Lié au logement, et notamment à la propriété privée, qui réduit la mobilité des Français. Le manque de pouvoir d’achat ? En partie lié au logement trop cher. Etc.
A la mi-janvier 2019, le Conseil d’analyse économique a publié une note intitulée « Territoires, bien-être et politiques publiques ».
Dans ce document, cinq caractéristiques des conditions de vie locale ont été étudiées pour « analyser les déterminants locaux du mécontentement d’une partie de la population » : l’emploi, la fiscalité locale, les équipements privés et publics, l’immobilier et le lien associatif.
La disparition des équipements génératrice du mécontentement des Gilets jaunes
Alors bien sûr, « les événements des Gilets jaunes se sont davantage produits dans des communes où le nombre de transactions immobilières avait chuté, signe d’une perte d’attractivité du territoire, indiquent les auteurs de l’étude. […] Dans les communes où la part des logements vacants augmente entre 2011 et 2016 (parcs privé et social confondus), le mécontentement s’élève aussi. »
Pourtant, le poids du logement dans le mécontentement est à relativiser. « C’est la disparation d’équipements de santé et de commerces de proximité qui apparaît comme la variable la plus fortement corrélée au mécontentement, même si ce type d’événement est assez rare. Le facteur fiscal arrive en deuxième position suivi des dimensions immobilière et associative », peut-on lire dans le document.
Passer d'un Etat prescripteur à un Etat accompagnateur
Alors que faire ? « Certes, il est important de faciliter la mobilité via les transports et l’accès au logement dans le parc social comme privé, mais les politiques publiques territoriales ne peuvent pas se réduire à cette mesure, dont on perçoit les limites », estiment les auteurs de l’étude.
Ces derniers formulent quatre recommandations (à lire en encadré) et proposent de changer de méthode. Il s’agit de « passer d’un État prescripteur à un État accompagnateur ».
C’est justement ce que tente de faire le gouvernement, en lançant des programmes d’investissement publics comme « Action cœur de ville », « Petites villes de demain » ou encore, en négociant les prochains contrats de plan Etat-Région au cas par cas, en fonction des réalités territoriales comme l’annonçait la ministre de la Cohésion des Territoires Jacqueline Gourault, dans un entretien accordé au Moniteur en novembre dernier.
Les quatre recommandations du Conseil d’analyse économique
► redéfinir les objectifs d’aides aux territoires en prenant en compte toutes les dimensions du bien-être et non les seuls critères économiques. Se doter d’un outil de ciblage mesurant les évolutions des facteurs du bien-être local.
► rénover l’approche de l’État central vis-à-vis des politiques de soutien aux territoires. Privilégier l’accompagnement technique et financier à des projets initiés localement, à partir d’une information locale, et portés par l’ensemble des acteurs concernés. Promouvoir le droit à l’expérimentation et à la différenciation pour la réalisation des projets.
► supprimer les politiques d’exonérations fiscales (ZRR) et utiliser ce budget pour les projets locaux destinés aux territoires ruraux, dont l’allocation doit étroitement impliquer les élus au niveau local.
► lors de la mise en place du réseau « France services », cibler des lieux de passage et permettre un élargissement des missions en incluant des services de proximité, y compris privés, en fonction des besoins locaux des usagers. Éviter la stratégie du « tout numérique », afin de préserver le lien social.