Dès après l’accord du 21 mars entre l’Etat et la FFB sur la poursuite des chantiers, vous avez appelé vos adhérents à ne pas les reprendre, dans l’attente du guide des bonnes pratiques. Quel est votre état d’esprit vis-à-vis de ce document ?
Je suis dubitatif sur son effectivité, en particulier du fait de l’élément nouveau de ce début de semaine, le mouvement chez les architectes qui tend à ne pas reprendre les chantiers, que je peux comprendre. Comment pourrait-on alors travailler en l’absence de la maîtrise d’œuvre, qui ôte toute raison d’être à la réunion de chantier ?
Par ailleurs, ce guide doit, en priorité, fixer le cadre pour garantir le travail en toute sécurité, et je fais confiance à la FFB pour qu’il en soit ainsi. Pour autant, concrètement, est-ce que tous les chantiers auront la configuration pour appliquer les règles (respect des gestes barrière, distance minimale entre les compagnons, etc.) ? Il faudra sans doute analyser au cas par cas.
Quoi qu’il en soit, de façon générale, comme président de fédération départementale, je ne prendrai pas la responsabilité de dire aux adhérents qu’il faut absolument y aller.
Au-delà de ce point essentiel de sécurité, quelle est la rentabilité d’un chantier si on y travaille à 10 ou 20 % des capacités ?
Pour toutes ces raisons, le guide ne résoudra pas tout et je pense qu’il reste encore urgent d’attendre avant de reprendre les chantiers.
« Ce sera l’employeur qui sera toujours civilement et pénalement responsable »
Quelle serait la valeur juridique de ce guide ?
C’est toute la question. Cela demeure une charte et si on en reste là, ce sera l’employeur qui sera toujours civilement et pénalement responsable. Il faudra trouver une solution pour dégager sa responsabilité, sinon comme d’habitude, après les belles paroles, l’entrepreneur se retrouvera tout seul devant le juge.
« La vie importe plus que tout le reste »
L’implication en première ligne de l’OPPBTP est-elle un élément positif ?
Ce sont les experts du sujet de la sécurité, qui connaissent le terrain. Donc, oui, il faut qu’ils s’impliquent, qu’ils s’engagent clairement. Les problèmes économiques et de trésorerie sont certes là, mais la sécurité prime : la vie importe plus que tout le reste, c’est le point de vue que nous partageons entre tous les présidents de fédérations du Grand Est, et que nous faisons passer.