Metro a mal calculé son coup. Le numéro un allemand de la distribution a dû repousser jeudi l'entrée en Bourse de sa filiale de bricolage Praktiker et en baisser le prix, jugé trop élevé par les investisseurs.
A l'origine de la débâcle, pour beaucoup d'observateurs, Metro lui-même, qui a précipité l'opération, et a eu les yeux plus gros que le ventre.
Longtemps le groupe a hésité entre une cession à un investisseur et une mise en Bourse, avant de se décider il y a quelques semaines pour cette dernière. Et seulement parce que le seul investisseur encore en lice, le fonds Permira, n'était pas prêt à payer le prix demandé par sa maison-mère pour le spécialiste du bricolage.
Les investisseurs en Bourse n'ont pas manifesté plus d'appétit. Selon des sources financières citées par la presse allemande, le livre d'ordres était encore au tiers vide mercredi. La valorisation de Praktiker, dans une fourchette de 928 millions à 1,1 milliard d'euros, a paru excessive à beaucoup, en particulier au regard des autres entreprises cotées du secteur, le britannique Kingfisher et l'allemand Hornbach par exemple.
"L'action n'est pas vraiment une bonne affaire", commentait ainsi un gestionnaire, tandis que selon un courtier la plupart des investisseurs avaient parié sur une réduction de l'offre et s'étaient en conséquence abstenu.
D'après la nouvelle fourchette de prix, Praktiker vaut entre 810 millions et 872 millions d'euros, un chiffre plus proche des estimations des analystes.
Praktiker opère 340 magasins de bricolage en Allemagne, mais aussi au Luxembourg, en Grèce, en Turquie et en Europe de l'Est. Le groupe, longtemps en difficultés, a redressé son activité en misant sur les prix cassés.
Praktiker est numéro deux en Allemagne derrière Obi, et numéro quatre en Europe après Kingfisher, l'américain The Home Depot et Obi. Le marché est très concurrentiel, surtout en Allemagne, et Praktiker veut utiliser les fonds levés en Bourse pour son expansion vers l'est.