Début 2016, l’ensemble du secteur du bâtiment devra mettre en place un compte personnel de prévention et de pénibilité, tenant compte de l’exposition de chaque salarié à des facteurs de risques. Alimenté en points tout au long de la carrière d’un salarié, le compte donnera droit à des formations et des heures non travaillées. Le salarié pourra anticiper au mieux de deux ans sa retraite.
Les entreprises oscillent entre anxiété et colère. «?Quelqu’un au gouvernement s’est-il au moins demandé comment les artisans allaient remplir ce compte, dont le terme de pénibilité est une formidable erreur de communication à l’égard des jeunes générations???», s’emporte Patrick Liébus, président de la Capeb. L’incompréhension gagne les TPE. «?Je suis totalement opposé à remplir une fiche qui n’a aucun sens, explique Didier Lindron, chauffagiste et président de la FFB de l’Allier. Courber le corps à 30° est considéré comme un geste pénible. Et à 29°, ça ne l’est pas?? Cela est absurde?! Je préférerais m’entretenir une fois par mois avec mes salariés sur la pénibilité que passer mon temps à remplir ces fiches?!?»
Quid de la pénibilité pour les artisans??
La création par le Premier ministre d’une mission d‘accompagnement formée du député Christophe Sirugue et du chef d’entreprise Gérard Huot n’a pas calmé les esprits. «?La mission est la reconnaissance que le système est inapplicable, estime Jacques Chanut, président de la FFB. Nous allons les écouter et, s’ils ont à cœur de trouver des propositions concrètes, nous serons à leur disposition.?» Contacté sur le plan de route, aucun membre de la mission n’a souhaité s’exprimer, soulignant que les conclusions seront rendues en juin. Certains suggèrent de simplifier ce qui est qualifié par d’aucuns d’usine à gaz, en accordant, par exemple, un départ à la retraite anticipé pour certains métiers dont la pénibilité est avérée.
«?S’il y avait une réelle solidarité, nous n’en serions pas là?», lance Patrick Liébus, qui enchaîne?: «?Pourquoi les artisans n’y auraient-ils pas droit eux aussi, à l’instar de certains régimes spéciaux?? C’est une injustice?!?»
Enfin, même si son application est redoutée, le compte pénibilité est loin d’être la priorité. «?Avouez qu’il y a une erreur de timing, se désole Jacques Chanut. Imposer une nouvelle contrainte administrative qui aura un surcoût, face à des travailleurs détachés à qui rien ne sera imposé, les entreprises ont vraiment mieux à faire, comme sauver leur activité, non???»
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