Le BTP dans 20 ans : les prédictions de Martin Bouygues, Philippe Bonnave et Jérôme Stubler

Les dirigeants des majors ont tous répondu à l'invitation du Forum de l'Ecole spéciale des Travaux publics du bâtiment et de l'industrie. Leur objectif : parler du numérique, de l'économie circulaire et des marchés internationaux pour séduire les 4 000 futurs ingénieurs présents.

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Martin Bouygues

Quel visage aura le BTP dans vingt ans ? C'est à cet exercice de prospective que se sont livrés les représentants de majors, invités au 37e Forum ESTP le 13 décembre 2016, porte de Versailles, à Paris. Leur réponse tient en trois axes: le numérique, l'économie circulaire, les conquêtes à l'international.

Développer des usages et services avec le numérique

En matière d'innovation, le secteur du BTP mise sur les bouleversements que peut apporter le numérique : « Il nous amène énormément de possibilités pour développer de nouveaux usages et services, explique Philippe Bonnave, P-DG de Bouygues Construction. Pour ne pas nous faire doubler, nous revendiquons notre ambition de devenir des acteurs majeurs du numérique et nous nous équipons pour gérer tout ce qui touche au big data, à la smart city... »

En évoquant le BIM et la maquette numérique, Martin Bouygues, le P-DG du groupe Bouygues, insiste lui aussi sur les innovations d'un « métier éminemment moderne, loin de ses méthodes millénaires ».

« Le début de l'histoire » de l'économie circulaire

Développement et construction durables constituent d'autres voies incontournables pour l'avenir du secteur. Et cette révolution passe par l'économie circulaire. Des pistes concrètes sont déjà en place. Chez Vinci Construction, « plusieurs centaines d'ingénieurs travaillent pour minimiser l'impact de nos ouvrages sur l'environnement », selon Jérôme Stubler, son président.

La réutilisation des matériaux est un autre axe majeur : chez Colas, en France, 15% sont déjà remis en œuvre directement sur les chantiers comme le confie Hervé Le Bouc, son P-DG. Un pourcentage qui croît d'année en année. « Et ce n'est que le début de l'histoire », promet Jérôme Stubler. Alors que la mutation énergétique, elle, vit sa deuxième révolution, poursuit-il. « Il y a dix ans, la première a émergé avec l'arrivée de nouvelles normes et réglementations énergétiques. Cette génération de constructions est déjà obsolète. Le bâtiment de demain sera à énergie positive. »

A l'international, la géopolitique s'en mêle

Pour toutes les majors, le futur s'écrit enfin à l'international. Des marchés sur lesquels elles sont déjà actives, et qui représentent des espoirs de développement. Mais deux critères doivent guider cette conquête, pour Jérôme Stubler : « une natalité dynamique et une stabilité politique ».

Dans cette optique, l'Afrique sera un continent à investir, car avec 1 milliard d'habitants dans les prochaines décennies, le territoire aura besoin d'infrastructures « et les pays du nord devront les aider », estime Hervé Le Bouc. Un problème cependant : les entreprises du BTP sont « très dépendantes de la situation géopolitique, prévient Philippe Bonnave. Tout va à une vitesse incroyable et nous devons nous adapter rapidement ». Et le P-DG de prendre, pour illustrer son propos, l'exemple des pays pétroliers dont les économies se sont récemment effondrées brutalement. Conséquences : « des chantiers arrêtés instantanément » et des incertitudes pour l'avenir de ces marchés.

Dans tous les cas, la révolution et les innovations qui s'amorcent trouveront leur concrétisation sur le terrain, « la meilleure école pour éprouver sa vocation », lance Martin Bouygues pour motiver les futurs ingénieurs. Philippe Bonnave va même plus loin : pour lui, « le chantier est le plus bel endroit du monde ».

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