Le BTP reste un secteur plutôt plus vertueux que les autres en matière de délais de paiement de ses fournisseurs. C’est l’un des principaux enseignements de la dernière étude sur les retards de paiement d’Altares, le spécialiste de la donnée d'entreprise.
Dans un contexte général de retards de règlement des entreprises au plus haut depuis la fin du Covid, la construction privée et publique tire son épingle du jeu. « Le BTP accuse en moyenne des retards de paiement inférieurs à 10 jours, contre plus de 12 jours sur l’ensemble des secteurs », confirme Thierry Millon, directeur des études chez Altares.
Dans le bâtiment, deux entreprises sur trois payent à l’heure alors que globalement à peine une sur deux s’y attèle. « Ce bon comportement des acteurs résulte souvent de la ponctualité de petits entrepreneurs qui ne sont pas en position de force pour négocier un délai de paiement supplémentaire avec des fournisseurs plus gros qu’eux » indique-t-il. Ces petits acteurs souhaitent également sécuriser leurs approvisionnements en payant à l’heure.
Le second oeuvre plus ponctuel
Dans le détail, les retards de paiement des entreprises de second œuvre sont plus réduits - de l’ordre de 8 jours - que dans le gros œuvre où les retards s’allongent jusqu’à 15 jours. Les comportements de règlement sont également liés à la taille des entreprises. Plus celles-ci sont grandes, plus elles sont mauvais payeurs. Les petites entreprises de moins de 50 salariés n’ont que 9 jours de retard en moyenne, alors que celles entre 50 et 250 salariés en affichent 13,5. Les grands groupes et les ETI font traîner leurs paiements avec un retard moyen de 17 jours. « Pour des raisons de rigueur comptable, les grandes entreprises jouent sur le manque de conformité des factures fournisseurs pour bloquer les règlements », souligne Thierry Millon.
Les TP dépendants des acheteurs publics
Dans les travaux publics où les entreprises privées travaillent avec des institutions publiques qui ne paient pas à l’heure, elles ont naturellement tendance à répercuter les retards de leurs clients sur leurs fournisseurs. Les acteurs du second œuvre sont néanmoins meilleurs payeurs que leurs homologues dans le gros œuvre. Et plus la taille de l’entreprise est grande, plus le retard de paiement est important. « Lesentreprises de moins de 200 salariés paient avec 13 jours de retard. Celles de plus de 200 personnes règlent avec plus de 18 jours » illustre-t-il.
Dans l’attribution de marchés publics, les retards de règlement sont aussi liés à la taille des collectivités territoriales et des travaux. Les communes affichent un retard de 12 jours aux entreprises privées, les départements de 20 jours et les régions de plus de 23 jours. « La multiplication des décisions à plusieurs échelons ralentit les paiements », expose Thierry Millon. L’Etat paie lui, avec un retard supérieur à 18 jours.
En crise, l’immobilier entraîne une envolée des retards de règlement. La promotion immobilière, qui concentre traditionnellement les retards les plus élevés, approche le seuil des 27 jours. Pour les agences immobilières, on parle désormais de 22 jours.