Bois, PVC, aluminium… la bataille entre les matériaux dans la menuiserie se poursuit dans un marché particulièrement dynamique. Alors que le PVC s’arroge toujours le leadership avec quelque 60% du marché, le bois pourrait revenir dans la course grâce à un nouveau procédé naturel de traitement à cœur qui supprime tout entretien.
C’est le groupe Lapeyre, leader incontesté du secteur, qui est à l’origine de cette petite révolution dans la menuiserie. La filiale de Saint-Gobain a annoncé avoir mis au point un procédé, issu de la "chimie verte", conférant au bois utilisé en extérieur une résistance à l'humidité, aux champignons et aux insectes se rapprochant de celle du PVC.
Le bois ainsi traité sera garanti trente ans, ont indiqué ses dirigeants lors d'une conférence de presse tenue à Paris.
Le traitement breveté par Lapeyre – appelé simplement Wood protect© - repose sur une réaction entre des acides gras naturels (issus du tournesol ou du colza) et un anhydride acétique, issu de la fermentation du vinaigre, a précisé le scientifique toulousain Carlos Vacas-Garcia, dont la thèse a servi de point de départ aux recherches.
Il se passe alors un "greffage chimique" qui modifie la composition du bois.Les molécules de l’anhydride mixte se fixent aux molécules de cellulose (le composant du bois à 40 à 50%), d’hémicélulose (25 à 30% du bois) et de lignine (environ 20%) pour les protéger des attaques biologiques (champignons, insectes…) et de l’humidité.
Le bois ne nécessite plus d’entretien.
Le processus d’imprégnation du bois par l’anhydride mixte s’effectue d’abord en autoclave afin de permettre à l’anhydride mixte de pénétrer au coeur du bois par le vide et la pression.
Une deuxième phase consiste à faire tremper le bois dans un bac rempli du même anhydride chauffé à plus de 100° pour permettre au greffage de s’effectuer.
Ce traitement incolore s’applique à toutes les essences.
Tous les déchets du processus peuvent être recyclés, la fabrication s'effectuant en cercle fermé.
Les nouvelles qualités du bois traité sont assez étonnantes. Il possède par exemple des possède des caractéristiques d’hydrophobicité très élevées. L’angle de goutte (ce qui caractérise l’hydrophobicité) est de 93° pour un chêne traité contre 15,7°
pour un chêne non traité et de 126° pour un curupixa traité au lieu de 24° pour le même bois non traité explique Lapeyre.
Tout en gardant ses propriétés mécaniques, il ne se dilate plus et reste parfaitement stable dans le temps.
Enfin, le bois traité Wood protect© est d’une résistance exceptionnelle à l’humidité, aux insectes, aux champignons et aux U.V. Il est de qualité Classe 3 lui permettant d’être en contact avec une humidité fréquemment supérieure à 20% (pièce de construction ou de menuiseries extérieures verticales soumises à la pluie). Les tests afin d’obtenir la Classe 4 sont en cours de réalisation (bois horizontaux en extérieur, comme des balcons, ou en contact avec le sol, toujours avec une humidité fréquemment supérieure à 20%).
Les premiers produits commercialisés avec ce traitement – une gamme de volets battants en sapin – seront commercialisés dès septembre 2006. Si les ventes sont au rendez-vous, les fabricants de lasures, pinceaux et autres accessoires vont devoir réviser leur stratégie.
Jean-Philippe Defawe