«La méconnaissance du patrimoine a un coût, qui a été estimé à 2 euros/m² par an par l’association Building Smart International », souligne Benoît Vervandier, directeur général du groupe Archimen. Spécialisée dans l’ingénierie de la construction, la société réalise aussi 20 % de son chiffre d’affaires dans la gestion technique de patrimoine immobilier à travers son logiciel de maquette numérique Active 3D. Ce dernier équipe le conseil régional de Bourgogne (CRB) depuis dix ans. La région vient, en effet, de finaliser les levées et la numérisation de ses lycées, soit 900 bâtiments qui représentent 1,5 million de m². « Nous connaissions les surfaces de façon approximative, mais sans leurs affectations », se souvient Michèle Bransolle, chargée de gestion du patrimoine au CRB. Après plusieurs appels d’offres, la collectivité dispose d’une base de données Building Information Model (BIM). Une première étape qui s’est achevée l’an dernier pour un budget total de 2 millions d’euros TTC.
Une base de données qui s'enrichit
L’enjeu à présent est de faire vivre cette base de données. Ce qui est justement l’une des difficultés mise en évidence par le groupe de travail BIM et gestion du patrimoine du Plan bâtiment durable. « Afin qu’elles puissent être mises à jour, il est important de leur éviter le même sort que celui des dossiers des ouvrages exécutés (DOE), souvent oubliés ou perdus », rappelle Pierre Mit, président de l’Union national des économistes de la construction (Untec) et copilote du groupe de travail. « Dans ce contexte, la maquette numérique et l’idée selon laquelle la donnée a une valeur peuvent faciliter les missions des gestionnaires de patrimoine », poursuit-il. Le groupe de travail dont les travaux seront dévoilés prochainement a réuni les producteurs de données (maîtres d’œuvre, géomètres, industriels…), les utilisateurs (gestionnaires, assureurs, bureaux de contrôle…) et les éditeurs de logiciels afin d’identifier les besoins et les enjeux pour chaque métier. Outre la maintenance, le travail en BIM permet aussi, grâce aux scanners 3D, de reconstituer les données inexistantes des bâtiments anciens. C’est ce que fait le cluster Eskal Eureka à Biarritz à travers une société à actions simplifiées, propriétaire du scan 3D. L’appareil avec laser incorporé balaie une zone à 360° suivant la précision souhaitée. Le nuage de points ainsi obtenu est ensuite recollé avec les photos panoramiques. Après traitement, les données collectées sont accessibles à tous les acteurs du chantier via une plate-forme Web, ce qui facilite l’organisation précise des travaux, voire la préfabrication de certains éléments en atelier.