Déjà, en juillet dernier, le béton de chanvre, qui mêle chaux et chènevotte, a prouvé qu’il pouvait résister quatre heures à des températures atteignant 1200°C. D’où l’obtention d’un classement EI240, attestant d’un très bon comportement de résistance au feu en termes d'étanchéité aux flammes et au gaz (valeur E) et d'isolation thermique (valeur I), le tout pendant 240 minutes.
Cette fois ci, dans le cadre d’un essai Local expérimental pour incendie réel à deux niveaux (Lepir 2), le prototype de façade en béton de chanvre de 30 cm d'épaisseur, de 5,75 m de large et 6,55 m de haut, avec une ossature bois noyée et une finition extérieure avec un enduit chaux-sable a été soumis à un feu violent pendant une heure. L’ensemble a été déclaré conforme à la réglementation applicable vis-à-vis de la non-propagation du feu par les façades pour une durée de 60 minutes.
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Analyse du comportement de la façade en termes de propagation des flammes
Les 125 thermocouples répartis sur et dans la façade ont relevé des températures atteignant 1050 °C dans les panaches de flammes et 1100 °C dans la chambre de feu après 36 minutes. « Malgré cette sollicitation intense, le béton de chanvre et l’enduit ont prouvé leur rôle d’écran de protection thermique de l’ossature bois, puisque celle-ci n’a pas dépassé les 100 °C », assure Christophe Tessier, directeur du Centre d’essais au feu du Cerib.
Diffusion du feu à la jonction façade/plancher
L’autre analyse concernait le comportement de la jonction façade/plancher entre les deux étages pour laquelle l’élévation de température admissible en face supérieure de plancher est bornée à 180 °C « Là encore, c’est une réussite, puisque la température n’a atteint que 44 °C, loin de la valeur limite », indique l’expert.
Publication de l’appréciation de laboratoire
Le programme d'essais de résistance au feu de ce système constructif mené pendant trois ans entre le Cerib et l’association Construire en chanvre, avec le soutien financier à hauteur de 65% du programme Pacte, se solde par la publication imminente de l’appréciation de laboratoire nº 026090 sur le site Internet de Construire en Chanvre (au même titre que l’AL et le PV de classement EI 240).
Extension des règles professionnelles
L’enjeu de ces essais normalisés est d’étendre les règles professionnelles de la construction en chanvre, et donc le cadre assurantiel en techniques courantes sur des projets de dimensions plus importantes. « Soit des immeubles d'habitation jusqu'à 28 mètres de haut, et des ERP de troisième catégorie », précise Philippe Munoz, chargé de mission pour Construire en chanvre. En particulier dans le cadre des ouvrages à réaliser pour les Jeux olympiques de 2024 à Paris.