« Au bout de 4h, soit 240 minutes, notre mur en béton de chanvre n'avait pas atteint la ruine », se félicite Philippe Munoz, chargé de mission R&D de l’association Construire en Chanvre (CenC). Celle-ci avait en effet commandité des essais de résistance auprès du Centre d’Essais au Feu (CEF) du Centre d’Études et Recherches de l’Industrie du Béton (CERIB).
Le corps d’épreuve de 4m de large, 3m de haut et de 295mm d’épaisseur était constitué d’une ossature bois noyée et d’un remplissage en béton de chanvre projeté, sans finition ni enduit. « Le four brûlait à 1000°, mais sur la face non-exposée au feu, la température moyenne, mesurée par thermocouples est restée inférieure à 85°C et la cloison ne s’est pas fissurée » précise Christophe Tessier, directeur du CEF.
La combustion sans flamme des montants verticaux et de l’entretoise de l’ossature bois a seulement laissé des traces noires sur la paroi. « Le fait de stopper la combustion avant que le mur ne soit réduit en cendres, nous a permis d’étudier son effet sur le béton de chanvre et de tester à quel point l’ossature bois était porteuse », ajoute le rapporteur de CenC.
Depuis cet essai, mené il y a pile un an, le Cerib et CenC ont multiplié les échanges pour affiner l’applicabilité des résultats aux couples liants/granulats. La condition sine qua non est qu’ils soient mis en œuvre selon les Règles Professionnelles édictées par la filière en 2012. Les bétons de chanvre pourront être mis en œuvre banchés ou projetés. Et le dosage en liant doit être compris entre 180 kg/m3 et 330 kg/m3.
Propagation verticale
Un deuxième essai sur la propagation verticale du feu en façade (LEPIR 2) aura lieu cet automne. Il sera plus ambitieux que celui envisagé au départ, en raison des bons résultats du premier essai.
Ces essais sont financés à hauteur de 65% par le programme Pacte dont l’objectif est de sécuriser la construction chanvre. « L’enjeu de ces essais normalisés c’est d'étendre le cadre assurantiel en techniques courantes sur des projets de dimensions plus importantes », explique Philippe Munoz.
A trente ans, la filière chanvre veut prouver sa maturité. « On veut aller vers la massification, dit l’architecte Philippe Lamarque, président de CenC Ile-de-France. Jusqu’à présent, on est souvent confiné au rôle de démonstrateur, ce qui fait peur au maître d’ouvrage, aux bureaux de contrôle et aux assureurs. Il faut prendre le temps et le risque de soumettre un avis technique expérimental et prévoir le budget ».
C’est le parcours qu’emprunte pour le moment le projet emblématique du village olympique en pierre-bois-chanvre dessiné par l’agence Barrault-Pressaco, pour lequel Eiffage effectue les démarches auprès du CSTB. « Une future vitrine technologique pour le béton de chanvre », dit Philippe Munoz.
https://www.construire-en-chanvre.fr/documentation#resistance_feu