Le phénomène est connu : les architectes manquent de travail mais ils sont quasi absents de la production de maisons individuelles. Comment donc prendre pied sur ce marché ? A cette question lancinante, une dizaine de jeunes architectes montpelliérains tente de répondre depuis deux ans. Leur idée forte : combler le fossé, tant psychologique et culturel que financier, qui empêche beaucoup de pousser la porte des cabinets d'architecture.
Avec le soutien de l'Ordre des architectes par une formation à la « vente debout », cette cohorte est donc allée au plus près des clients potentiels, avec un stand à la Foire de Montpellier, au salon Bâtisud à Nîmes ou au Salon de l'immobilier à Montpellier. « Nous avons eu plusieurs centaines de contacts dont certains se sont concrétisés », explique Christian Combes qui a piloté cette initiative. « L'important est de démystifier l'architecte, de montrer qu'il ne se limite pas aux plans et n'est pas nécessairement cher ».
Dans ce mouvement, chacun s'organise à sa manière. En intervenant très ponctuellement en maison individuelle pour Christian Combes. En donnant la priorité à cette activité pour Christophe Arnone. Ou bien en créant une société commerciale, tel Jean-Pierre Karcher avec Architrav Méditerranée, « conception et réalisation clés en main ». La volonté est la même. « Assurer une mission complète », résume Christophe Arnone. « Rendre le projet du client constructible, suivre le chantier et coordonner les corps d'état, tout en faisant un peu d'architecture. »
Dans la lignée des Architecteurs et des Architectes Bâtisseurs, Jean-Pierre Karcher a choisi d'être contractant général et a adhéré à la Fédération nationale des architectes contractants généraux, créée en décembre 1995 par Alain Delfau, architecte à Lunel (Hérault). « Avec Architrav Méditerranée, j'ai la maîtrise financière de l'opération, je négocie mieux les marchés avec les entreprises, je m'engage par contrat sur les délais et les prix ».
Tout se joue dans la manière de conquérir la confiance du client : « On trouve un écho quand on parle technique et pas seulement esthétique », constate Jean-Pierre Karcher. Ce qui ne l'empêche pas - autre démarche de promotion - de signer ses réalisations sur une plaque de céramique, en pied du mur de clôture.
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CHRISTIAN COMBES ET CHRISTOPHE ARNONE