La nouvelle vie des parkings abandonnés

La disparition des voitures individuelles à Strasbourg crée de vastes friches qui se muent en îlots de nature.

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Alfred Peter, urbaniste-paysagiste, gérant fondateur de l’atelier Alfred Peter à Strasbourg

Après avoir fait couler beaucoup d'encre, l'Ilot vert a été inauguré le mois dernier à Strasbourg. Cette tour végétalisée en bois remplace le parking des Halles, désaffecté il y a cinq ans lorsque les dernières voitures individuelles ont disparu de la ville. Depuis, seuls les véhicules automatisés circulent encore au milieu des tramways et des vélos, en petits convois guidés par GPS : M. Galileo est devenu notre chauffeur !

Cette révolution en entraîne une autre pour la gestion des espaces publics : avec l'abandon des ouvrages de stationnement et des places de parkings en surface, toutes les métropoles héritent de vastes friches en plein centre-ville. Elles étaient inimaginables dans un passé encore récent où chaque mètre carré se gagnait de haute lutte. Désormais, ce n'est plus la pénurie d'espaces libres qu'il faut gérer, mais leur trop-plein !

Que faire de la place libérée ? Construire des logements ou concevoir des espaces de respiration naturelle ?

Renaturation. Qu'en faire alors : des logements, ou des espaces de respiration naturelle ? A Strasbourg comme ailleurs, la question a agité la campagne des municipales de 2032, et c'est la seconde option qui l'a emporté. L'Ilot vert incarne cette victoire. « Le dérèglement climatique a pris une telle ampleur que nous avons décidé de donner la priorité à la lutte contre les îlots de chaleur, en tournant le dos à des décennies de pratiques où le bétonnage était la règle première », a déclaré le maire lors de l'inauguration.

Le « projet nature » urbain s'impose petit à petit. Son principe : d'abord, concevoir selon les besoins de renaturation ; ensuite, calculer ce qui reste pour la construction. Il a commencé à s'imposer là où on ne l'attendait pas : c'est Pékin qui a inauguré le premier « Hyde Park du XXIe siècle » comme solution radicale à sa congestion. Les pays émergents, l'Afrique en tête, ont suivi, puis l'Europe s'y est mise. Les élus se montrent également de plus en plus réceptifs à l'idée de profiter de toutes ces surfaces vacantes pour démultiplier les bassins de rétention et d'infiltration qui vont réhumidifier la ville, afin tout simplement de la rendre à nouveau vivable malgré les sécheresses. Même s'il reste du chemin à parcourir.

Corridors biologiques. Ailleurs dans l'agglomération, le parking aérien fait place à d'immenses champs de panneaux photovoltaïques. Quant à la voirie, elle est redessinée en de larges trottoirs qui cohabitent avec les pistes cyclables et les voies des transports en commun en site propre et des voitures automatiques. Il n'y a plus que deux files de circulation au lieu de quatre, et la place ainsi gagnée est réoccupée par le couvert végétal. Les trames vertes en ville et les corridors biologiques à la place des autoroutes urbaines ne sont plus regardés comme des idées d'illuminés.

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