Une aventure s’achève au pied des tours du quartier d’affaires d’Euralille. Celle d’un quartier mixant logements de tous types, bureaux et commerces, sur l’ancien emplacement de la foire de Lille, au sud du Grand Palais. Une performance pour ceux qui ont encore en mémoire ce site ingrat, cerné sur trois côtés par le périphérique et ses accès et, sur le quatrième, d’un boulevard extérieur (le boulevard Hoover), à l’époque délaissé. La Ville ne souhaitait pas seulement urbaniser dans la continuité d’Euralille et de ses immeubles de bureaux. Cette zone devait aussi abriter des logements pour faire la transition entre les tours et la future porte de Valenciennes en cours d’aménagement au sud, et le quartier Saint-Sauveur, prochain grand projet urbain de Lille, à l’ouest.
L’équipe composée de l’urbaniste François Leclercq et du paysagiste Olivier Philippe (agence TER) propose donc une enclave de 3 ha silencieuse et plantée, protégée des nuisances par une couronne de bâtiments élevés, de bureaux et de logements. Cette protection permet d’offrir aux habitants une barrière phonique efficace face au périphérique voisin, mais aussi de créer, côté boulevard Hoover, un skyline de transition entre le quartier d’affaires au nord et un tissu urbain disparate, en cours de requalification au sud.
L’œil du cyclone : le calme dans la tempête
La protection imaginée, il fallait inventer un cœur. « Nous avions une page totalement blanche, se souvient Olivier Philippe. Aucun paysage, peu d’histoire, et l’œil du cyclone est apparu comme une analogie intéressante. » En son centre, le Bois habité sera l’îlot de calme dans la tempête urbaine. Un îlot dense, avec 110 logements à l’hectare, organisé sur une trame simple de bandes est-ouest le long des cours jardinées. L’habitat est intermédiaire, d’une hauteur limitée à 13 m, exceptionnellement à 15,5 m. Les logements sont, pour la plupart, superposés avec des accès individualisés. Des maisons de ville côtoient des R 4. Et 400 grands arbres, qui dissimuleront à leur maturité les bâtiments, sont disposés de façon aléatoire. Le quartier est en chantier depuis dix ans, mais les arbres auront tous la même taille grâce à la prévoyance des paysagistes qui les ont réservés dans une pépinière belge : « Nous ne voulions pas attendre 20 ans pour avoir un paysage », explique Olivier Philippe. La gestion des eaux à la parcelle correspond aux standards actuels. Il y a dix ans, à Euralille, c’était très novateur ! Le Bois habité semble d’ailleurs parti deux ou trois ans trop tôt quand on regarde les performances thermiques des premiers logements. La RT 2000 côtoie des expérimentations de bâtiments passifs. « Ce quartier est un témoignage vivant de l’évolution de la réglementation thermique, mais surtout des consciences écologiques », constate David Wauthy, chef d’opération à la SAEM Euralille. Un regret, la connexion au chauffage urbain boudée à l’époque par les promoteurs. Porte de Valenciennes, elle est désormais obligatoire.
Le quartier est dense, accessible, bénéficie d’une mixité sociale et fonctionnelle, limite la place de la voiture et gère les eaux à la parcelle… bref toutes les caractéristiques d’un écoquartier avant l’heure. « On ne mesure pas un écoquartier par une somme de critères, pondère Laurent Théry, directeur de la SAEM. Ce quartier est le reflet d’une décennie et de la rapidité des mutations que nous avons connues. Sa force, c’est d’avoir pu s’adapter. »









