Dans le fait de repenser les produits pour réduire à terme leur empreinte carbone, les efforts des industriels se portent aussi sur les économies d’énergie. C’est le cas de Somfy, dont une étude a montré que 93 % de l’empreinte carbone de l’entreprise en 2019 était liée aux produits qu’elle fabriquait, et que 80 % de ce total venait de la consommation électrique de ces mêmes produits.
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« Nous nous sommes engagés à l’horizon 2030 à baisser de 40 % la consommation d’électricité dans l’usage des produits, ce qui à l’unité équivaut à diviser par deux la masse carbone de chaque produit. La veille des moteurs fait partie des éléments à réduire, mais nous ne la supprimerons jamais complètement puisqu’elle est liée à la communication des produits électroniques entre eux et avec les télécommandes. En revanche, nous pouvons la minimiser. Dans nos recherches, nous serons en dessous des exigences de 0,5 watt de la réglementation standby qui est déjà en cours dans l’électroménager et sera applicable en 2025 dans notre secteur », précise Philippe Geoffroy, directeur de la performance environnementale chez Somfy.
Mieux prendre en compte la « fin de vie »
Sous-tendant les développements à venir, « le travail d’écoconception va aussi conduire à remettre les produits sur la table pour anticiper leur déconstruction en fin de vie. Concevoir des fenêtres qui soient simples à démonter et à désassembler est extrêmement compliqué à mettre en œuvre. Quelques produits existent sur le marché, l’objectif est qu’ils soient demain plus nombreux », estime Philippe Macquart, délégué général de l’UFME. La provenance des matières premières, le choix des fournisseurs et le travail au sein de l’entreprise sont d’autres aspects pointés du doigt par Sébastien Coste, responsable communication de Volma : « De plus en plus, le client final ne nous achète pas seulement une porte, mais également un produit français, qui respecte certaines valeurs en termes d’écologie et d’éthique. » D’où le choix affirmé par le fabricant de réindustrialiser son site avec l’achat de nouvelles machines plus performantes et de systèmes « zéro porté » pour le confort de ses collaborateurs.
Marquer des points contre la chaleur
Sur fond de changement climatique, un autre axe de développement se dessine en ce qui concerne le confort d’été et le rôle à jouer par les protections solaires et les vitrages de contrôle solaire pour limiter à la fois l’échauffement des bâtiments et le recours à la climatisation.
Dans le domaine des vitrages, les industriels cherchent à gagner des points de facteur solaire sans perdre en transmission lumineuse. Le vitrage sous vide fait partie des innovations à l’étude. Les industriels de la protection solaire affûtent de leur côté leurs solutions. Exemple chez Serge Ferrari, qui cherche à réduire l’émissivité de ses toiles pour atteindre des valeurs de 0,2 ou 0,1, contre 0,35 à 0,45 aujourd’hui. « Nous jouons sur la construction du produit, son relief, le type de fil utilisé, sa taille, ainsi que sur la nature et la durabilité du revêtement qui va être déposé en surface. Il y a déjà des revêtements très efficaces en termes d’émissivité. L’objectif est de proposer des applications pour tout type de store, intérieur ou extérieur », expose Isabelle Caritey.
Du côté des automatismes, les efforts ciblent le développement de nouveaux algorithmes et des programmes pour optimiser l’usage des protections solaires. « Il faut continuer d’affiner les systèmes de régulation existants en travaillant sur les configurations de bâtiment, les situations, et les données de température, d’ensoleillement en tout point, en toute heure. Des études ont montré que l’on pouvait prétendre à un abaissement de la température de 4 à 7 °C dans les locaux, en recourant à des protections solaires et leurs automatismes », rappelle Philippe Geoffroy.
Faire évoluer les modes constructifs
Soucieux de s’adapter aux évolutions du marché, les fabricants vont aussi au cours de la prochaine décennie poursuivre leurs efforts pour augmenter les performances techniques de leurs produits. « Contrairement à ce qui se passait il y a quelques années, lorsque les recherches se concentraient sur l’efficacité thermique, les développements actuels portent autant sur les performances acoustiques, thermiques et design que sur les dimensions », note Sébastien Coste. Dans la perspective de lignes toujours plus fines et de surfaces de vitrage plus grandes, les spécialistes du ferrage sont mis à contribution pour faire évoluer leurs gammes. « Notre denier système de ferrage convient à des fenêtres de 130 à 150 kg. Sur les coulissants, où les dimensions sont également de plus en plus importantes, nous pouvons aujourd’hui reprendre des poids de 400 kg », remarque Romain Cancian, directeur commercial de Roto. Parmi les développements des fabricants de système ferrage, l’aspect sécuritaire des produits reste aussi au premier plan.
La montée en puissance de la construction en bois est un autre point qui oblige les acteurs de la menuiserie à se positionner pour faciliter l’adaptation des menuiseries. C’est le cas de Louineau qui poursuit ses recherches après avoir développé un précadre spécifique pour ce marché. « Pour faire face à la demande croissante de la construction préfabriquée bois, mais aussi béton, il faut être capable de répondre demain sur de gros volumes. Faute d’arriver à embaucher suffisamment de plieurs, soudeurs, et autres personnels, cela passe par une vraie stratégie industrielle et de l’investissement machines », confie Léa Doray-Timores, directrice commerciale et marketing Louineau.
Au niveau des protections solaires, les évolutions à venir se situent davantage dans l’asservissement et le pilotage des solutions de stores et de BSO. Tandis qu’une partie du marché se tourne vers la motorisation solaire, le fabricant Schenker Stores réfléchit à des lames de BSO photovoltaïques. « Nos produits s’installent sur des façades exposées au soleil. L’idée est d’aller vers des produits plus intelligents et autonomes », souligne Christelle Bertard, directrice commerciale France & Benelux du groupe Schenker Stores. D’autres travaux sont menés par le fabricant pour étendre le domaine d’application de ses BSO aux grandes dimensions de baie dans l’habitat, tout en optimisant la gestion de l’occultation et de la sécurité.
Enfin, c’est un sujet de fond qui accompagne les industriels de la baie dans leur projection sur l’avenir, et qu’Éric Brun résume en ces termes : « Depuis un certain temps, et au travers du renouvellement des générations, les clients artisans souhaitent optimiser les opérations de pose et aller vers un gain de temps et d’efficacité. La difficulté grandissante à trouver et embaucher des poseurs qualifiés accroît cette demande. La menuiserie étant un produit compliqué, surtout dans le monde de la rénovation, il est important d’aller vers des produits qui apporteront demain des solutions de pose plus souples, faciles et efficaces. »