La justice se penche sur la dangerosité des antennes relais de téléphonie

A l'occasion de la comparution d'un militant de l'association Robin des toits poursuivi en diffamation par Orange et SFR, la question de dangerosité des antennes relais de téléphonie mobile fait l'objet d'un vaste débat devant le tribunal correctionnel de Paris.

Etienne Cendrier, porte-parole de cette association qui lutte contre l'implantation abusive des antennes relais des opérateurs de téléphonie mobile, est mis en cause par les deux sociétés pour avoir notamment déclaré dans les colonnes du Journal du Dimanche (JDD) du 9 novembre 2003 : "Les opérateurs dissimulent les vraies expositions pour des histoires de gros sous".

Mais au-delà de ces propos litigieux, le débat devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, présidée par Philippe Jean-Draeher, a rapidement glissé vers une controverse sur la dangerosité réelle ou supposée des antennes relais.

"Nous ne luttons pas contre la téléphonie mobile mais pour faire établir une réglementation protégeant réellement la santé", a expliqué à la barre M. Cendrier, artiste-peintre de profession qui se définit comme "un lanceur d'alerte".

Dans une salle comble, remplie de ses supporteurs, le prévenu a mis en cause d'une voix assurée la plupart des rapports évoquant l'innocuité des antennes relais sur la santé, toujours rédigés par "le même noyau d'experts", financés en partie par les opérateurs, selon M. Cendrier.

Plusieurs témoins, cités par la défense, sont venus accréditer les propos du prévenu. M. Le Ruze, un expert spécialisé dans les effets des ondes électro-magnétiques qui assure des missions auprès des hôpitaux de Paris ou du ministère des Finances, a ainsi déploré que "tous les travaux qui ne vont pas dans le sens d'une innocuité des expositions soient purement et simplement jetés à la poubelle".

"On élimine systématiquement les chercheurs qui sont dans une problématique de santé", a-t-il précisé. Un autre chercheur cité par la défense a également salué le rôle d'alerte joué par M. Cendrier.

"Est-ce qu'on peut donner raison à un lanceur d'alerte face à différentes institutions telles que l'OMS qui disent qu'il n'y a pas de risque?" l'a alors interrogé l'avocat de SFR, Me Olivier Baratelli. "Je vous renvoie à l'exemple de l'amiante", lui a simplement répondu le témoin.

Les dangers de l'amiante étaient connus dès le début de XXe siècle mais il n'a été interdit en France qu'en 1997, a-t-il rappelé.

Le procès se poursuivait mardi en fin d'après-midi. Le jugement est attendu dans plusieurs semaines.

Eloi Rouyer (AFP)

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