La France épinglée pour des « contradictions » dans sa politique du logement

En visite en France, une experte liée à l'ONU, Leilani Farha, dénonce la politique menée dans l'Hexagone pour lutter contre le sans-abrisme et les mauvaises conditions de logement. Elle souligne également de nombreuses "contradictions". 

Leilani Fahra, experte de l'ONU sur le droit au logement
Leilani Farha, rapporteuse spéciale des Nations Unies pour le droit à un logement décent, était en visite en France pendant dix jours.

C’est un pays tout en « contradictions » que révèle la visite de Leilani Farha, rapporteure spéciale des Nations Unies pour le droit à un logement décent, en France pendant dix jours. Entre intentions et mise en œuvre, la politique menée en France pour répondre au sans-abrisme et aux mauvaises conditions de logement montre de nombreuses limites.

« Je suis ici dans un pays d’abondance, et pourtant, j’ai vu de la vraie souffrance et de la misère », observe Leilani Farha, qui ne s’exprime pas à proprement parler au nom de l’ONU. Celle qui est également juriste a été mandatée par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies pour lui remettre ses conclusions.

Plusieurs villes visitées

Outre Paris et sa banlieue, elle s’est rendue dans plusieurs communes, dont Calais, aux environs de laquelle sont installés des campements de migrants depuis plusieurs années, Toulouse, mais également Marseille. Pour rappel, la cité phocéenne a été touchée en novembre dernier par l’effondrement de deux immeubles insalubres, faisant 8 morts.

« Quand des gens meurent, c'est là que nous nous inquiétons énormément et c'est ce qui s'est passé en France », s’alarme Leilani Farha. L'experte, qui défend une vision large du « droit au logement », juge contradictoire ce dont elle a été témoin et les ambitions portées par le droit ainsi que les discours politiques français.

Politique du « logement d’abord »

Pourtant, la juriste voit un « modèle » avec la loi de 2007, sur le « droit au logement opposable », dite loi Dalo. Le texte permet de réclamer en justice un habitat social, mais regrette que ces procédures mettent régulièrement des années à aboutir alors que le texte fixe un délai de six mois.

Leilani Farha juge également « inacceptable » la situation française en matière de sans-abri, alors que le Collectif « Les Morts dans la rue » a recensé 566 décès en 2018, et 108 depuis le début de l’année. La rapporteure spéciale des Nations Unies recommande ainsi la mise en place de solutions durables qui aillent au-delà de l'hébergement d'urgence

De son côté, le gouvernement met en avant sa politique du « logement d’abord ». Présenté en septembre 2017, ce plan quinquennal (2018-2022), qui s’appuie sur le logement social et les pensions de familles, aurait aidé à accompagner « 70 000 personnes à la rue ou en centre d’hébergement vers un logement social ou adapté », selon le gouvernement.

« Je pense que le gouvernement est préoccupé par ce sujet », juge Leilani Farha, estimant toutefois cette réponse parcellaire et encore trop récente pour être évaluée.

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