Des réservations en baisse de 30 %, des mises en vente qui diminuent de moitié (1) et des stocks qui se réduisent comme peau de chagrin. Le logement neuf a subi un coup de frein historique au premier trimestre 2020. C’est ce qu’il ressort du dernier baromètre de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), présenté ce 11 juin 2020, lors d’une visio-conférence de presse.
En ce qui concerne les réservations, il faut en effet remonter à début 2015 pour retomber à un niveau comparable à celui de ce premier trimestre 2020, durant lequel 26 969 réservations ont été effectuées. Selon Marc Villand, président de la FPI Ile-de-France, « les ventes en accession résistent mieux que les ventes en bloc qui ont chuté de 41 % au premier trimestre et qui sont à leur plus bas niveau depuis la création de l’Observatoire en 2012 ».
Quant aux logements mis en vente au premier trimestre, ils se chiffrent à 14 018 unités (contre 28 171 au T1 2019), leur plus bas niveau depuis fin 2008.
Enfin, l’offre commerciale continue de se contracter. Les stocks de logement neufs ont diminué de 14,3 % en un an, et sont aujourd’hui évalués à 9,3 mois. Un volume que Marc Villand juge insuffisant. « On estime qu’il faut 12 mois de stock pour avoir un marché équilibré ». La tension du marché du neuf tend à s’accentuer dans certaines métropoles, comme Angers, Nantes, Caen, Rennes, Strasbourg, Montpellier, Clermont-Ferrand et Paris où les stocks sont inférieurs à 9 mois.
Un deuxième trimestre encore plus dégradé
Ces indicateurs, qui portent sur janvier, février et mars, n’intègrent que quinze jours de crise sanitaire. « Le deuxième trimestre sera encore plus dégradé, c’est mécanique », prévient Alexandra François-Cuxac, présidente de la FPI. A supposer que la baisse des ventes du T1 (-30 %) soit une moyenne annuelle, l’organisation professionnelle estime que 50 000 logements neufs qui pourraient ne pas être vendus cette année. Par ailleurs, dans un scénario probable, la FPI a calculé que le nombre de logements collectifs autorisés pourrait diminuer de 100 000 entre 2019 et 2020.
Dans ce contexte, les promoteurs immobiliers tirent la sonnette d’alarme.
« La crise de la Covid a exacerbé une situation et des tendances qui préexistaient », insiste la présidente de l’organisation.
Le 5 mars dernier, quinze jours avant le confinement, cette dernière dénonçait d'ailleurs déjà un cycle « baisse des permis, baisses des mises en chantier, baisse des mises en vente, hausse des prix, baisse des ventes », installé depuis plusieurs trimestres et accentué à l’approche des élections municipales, période traditionnellement peu propice à la délivrance de permis de construire.
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Changement de méthode et de mentalité
Pour mettre fin à ce cycle infernal, la FPI réclame une « très grosse prise de conscience de la part du gouvernement » doublée d’un « changement de méthode ».
« Le but n’est pas de présenter une somme de mesures financières, fiscales et juridiques mais de transformer les fondamentaux. Les promoteurs n'ont pas l'apanage du changement de mentalité. Il s'agit de décider ensemble d'un idéal de société", affirme Alexandra François-Cuxac.
« Il faut légiférer et se mettre d’accord une bonne fois, avec toutes les gouvernances locales et nationales parties prenantes dans l’acte de bâtir, sur un changement profond du secteur et une sortie par le haut de cette crise ».
Un plan de relance en trois actes
Pour cela, la FPI proposera dans les prochains jours un plan de relance articulé autour de trois types de mesures :
► des actions immédiates, fondées sur un régime provisoire, afin de booster le secteur dès la rentrée de septembre.
► des actions à court terme pour soutenir la demande fragilisée dans la recherche d’un logement abordable et durable. Cela pourra passera à la fois par des aides à l’acquisition et des baisses d’impôts sur l’immobilier.
► des actions à court et moyen terme allant dans le sens d’une libéralisation de l’offre fin de produire là où il y a des besoins, plus vite et au meilleur marché.
Le plan de relance vise deux objectifs : la quantité et la qualité.
« Cette crise a montré que les personnes bien logées ont mieux vécu le confinement. Le logement a un fort potentiel d’amélioration de la qualité de vie. C’est un message qui doit être entendu au plus haut niveau de l’Etat ». Pour Alexandra François-Cuxac, cette prise de conscience doit être soutenue par une relance durable de la construction. « Il faut inscrire la construction dans la voie environnementale et donner les moyens pour accompagner le saut écologique des bâtiments neufs ».
(1) au premier trimestre 2020 par rapport au premier trimestre 2019.