Avec une croissance qui devrait s’établir en 2023 à 4,3 % par rapport à 2022, Alain Grizaud, président de la FNTP, se félicite « d’une bonne année ». Malgré un début poussif, avec un marché qui peinait à décoller au vu du cycle électoral, le président assure « qu’il n’y a pas eu de détérioration des carnets de commandes, et même une recrudescence au mois d’août, permettant d’avoir une meilleure lisibilité du marché ».
Faire sans les grands projets
La FNTP ne s’aveugle pas face à l'arrêt de l’apport d’activité des grands projets comme le Grand Paris et les JO. Alain Grizaud l’assure : « Malgré cela, il y a une augmentation de l’activité. » La fédération avance comme explication un renforcement des investissements au niveau du bloc communal. De surcroit, « les collectivités ont une trésorerie record de 72,5 Mds € », s’exclame le président. Ce montant est tout de même en baisse de 7,3 % entre août 2022 et août 2023, mais enthousiasme tout de même la FNTP par son volume. Cumulé à un effet JO, au cycle électoral favorable ainsi que, peut-être, à un effet de sortie de crise, le secteur des travaux publics se porterait donc bien.
Et Alain Grizaud pousse l’analyse des investissements au niveau local : « Avant, les intercommunalités n’étaient pas assez structurées, mais à présent, elles le sont : les projets sortent, et elles planifient leurs investissements sur plusieurs années grâce à des programmations pluriannuelles. »
Néanmoins, une tendance structurelle se dégage selon la FNTP : les grandes communes sont plus dynamiques que les petites. Un problème qui pourrait en partie s'expliquer par le transft de certaines de leurs prérogatives aux intercommunalités, comme l'entretien de la voirie.
L’emploi n’est pas une variable d’ajustement
Le nombre de salariés reste stable de son côté. Un paradoxe au vu de la croissance du secteur. Mais Alain Grizaud explique : « Nous sommes un secteur cyclique. Nos entreprises sont de fait résilientes, savent garder au maximum leurs emplois et peuvent ajuster la baisse ou la hausse de l’activité grâce à la productivité de leurs salariés. » Pour la FNTP, l’emploi salarié n’est pas une variable d’ajustement, ce qui n’est bien sûr pas le cas pour l’intérim. La fédération avance de plus la mécanisation croissante du secteur, ainsi que l’innovation comme des facteurs de hausse de la productivité.
Des départements à la peine
Si ces dernières sont plus structurées, leur trésorerie, comme celle des départements, sont bien plus touchées. « Les Droit de mutation à titre onéreux (DMTO) des départements se sont effondrés : -21 % entre janvier et septembre 2023. » Ce phénomène va de paire avec une contraction financière globale des recettes des collectivités, notamment avec la baise de la dotation globale de fonctionnement (DGF), non-indexée sur l'inflation pour la deuxième année consécutive.
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De fait, certains signaux font de 2024 une année incertaine, comme la baisse de 14,5 % de l’épargne brute entre septembre 2022 et 2023. Ou encore les JO, qui pourraient impacter l’activité travaux publics à hauteur de 800 M€ selon la FNTP.
Malgré tout, la fédération se rassure : « Nous avons la chance d’être un secteur décorrélé de la crise du logement et du bâtiment, assure Alain Grizaud. Nous envisageons aussi en 2024 une progression de 3,5 % des investissements du bloc communal. »
