Jean-François Buet, président de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) est dans une situation délicate. A la tête d'une fédération de professionnels en colère car touchés de plein fouet par la crise du logement et pointés du doigt dans toutes les discussions autour de la loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (Alur), il doit relayer cette colère sans se disqualifier pour peser de tout son poids dans les négociations avec le ministère du Logement et dès lors adopter une attitude constructive pour faire avancer ses arguments.
Pas étonnant donc, qu'il se soit livré à un "grand écart" lors du 67e congrès de la Fnaim qui se tenait lundi 9 et mardi 10 décembre au Palais des Congrès à Paris et dont le slogan était : "Changez l'Alur". Devant ses "troupes" il a ainsi martelé "Nous sommes en colère, révoltés par un projet de loi qui accuse notre profession, nos chefs d’entreprise", mais tenu a rassurer lors de sa conférence de presse de clôture du congrès : "Non, la Fnaim n'est pas "vent debout" contre la loi Alur".
Alors que la loi de Cécile Duflot reviendra en commission à partir du 17 décembre, dans le cadre de sa seconde lecture à l'Assemblée, la Fnaim a engagé avec le ministère du Logement un dialogue qu'elle espère "fructueux", sur divers points. Un dialogue qui n'a pas pu commencer lors du congrès puisque la Fnaim et le ministère ont, devant la tension qui règne chez les 2000 professionnels de l'immobilier présents au Palais des Congrès à Paris, préféré annuler l'intervention de la ministre. Cécile Duflot a toutefois fait parvenir à la Fnaim un courrier dans lequel elle propose d'"engager une phase finale de discussion" sur la loi en insistant sur l'importance de l'intermédiation alors qu'à l'heure actuelle les professionnels ne gèrent qu'un tiers des 6,6 millions de logements mis en location en France, le reste l'étant de gré à gré entre propriétaires et locataires.
Entre ce qu'ils ont à y perdre et ce qu'ils ont à y gagner, les agents immobiliers ont donc choisi par la voix de leur président de se concentrer sur les profits.
Pour et contre
Ainsi, la Fnaim défend certaines propositions de la loi notamment l'obligation de formation initiale et continue pour toute la profession, la responsabilité civile professionnelle des agents commerciaux ou encore le partage des honoraires de location et d'état des lieux entre locataire et propriétaire. Elle est favorable également à la création du Conseil national de la transaction et de la gestion immobilières "à condition qu'il ait une vraie consistance et de vrais pouvoirs".
En revanche, la fédération s'oppose fermement à ce que les locataires ne paient plus du tout d'honoraires de location aux agences immobilières, car le service qu'elles leur rendent doit être rémunéré, a fait valoir Jean-François Buet qui concède toutefois que ces "honoraires ne doivent plus être corrélés au montant du loyer, pour davantage de transparence".
Autre sujet d'importance: "Je suis d'accord pour qu'on regarde le calcul de ces honoraires pour qu'ils correspondent plus justement à un vrai service, quand il y a un service, mais en même temps on ne peut pas dire : +C'est zéro!+", déclarait avant l'ouverture du congrès M. Buet, pointant le risque de perdre "5 à 10.000 emplois".
Et puis bien évidemment il y a l'encadrement des loyers et la garantie universelle des loyers (la GUL). La Fnaim est farouchement contre l'encadrement en l'état - "un retour désastreux à la loi de 1948" - et propose à la place une réglementation des loyers via des mesures incitatives. Quant à la GUL, "un impôt supplémentaire", selon Jean-François Buet, la Fnaim propose de la remplacer par des solutions assurantielles à coût maîtrisé.
"On peut encadrer les loyers, on peut mettre en place une garantie universelle, et on va la déterminer, je n'ai pas envie d'être critique sur le sujet, j'ai plutôt envie d'être constructif parce que nous avons des propositions, mais si un certain nombre de mesures apeurent les propriétaires, on n'arrivera pas à l'objectif souhaité", a averti Jean-François Buet.