L’histoire industrielle de la France a laissé des traces. Selon la base de données Basias, l’inventaire historique des sites d’activité industrielle ou de service élaboré par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), il existerait en 2015 dans l’Hexagone près de 260 000 anciens sites industriels susceptibles d’avoir laissé des installations ou des sols pollués. Un chiffre qui a fortement progressé au fil des dernières années. Parmi eux, entre 6 000 et 8 000 sites sont officiellement reconnus comme pollués et appellent « une action des pouvoirs publics, à titre préventif ou curatif », selon la base de données Basol du ministère de l’Ecologie.
Longtemps ignorée par les pouvoirs publics et les industriels, la question de la dépollution des sites, des sols mais aussi des eaux souterraines souillés - et de leurs impacts environnemental et sanitaire - se fait jour au début des années 1990. Depuis lors, trois grandes familles de techniques sont mises en œuvre : hors site - les plus usitées -, sur site et in situ. « Il faut aujourd’hui éviter les techniques “ dures pour privilégier les méthodes “ douces , faciles à mettre en œuvre. Les traitements in situ, comme la bioremédiation - la stimulation de l’activité de certains micro-organismes -, sont pertinents dans la mesure où les polluants du sol ne sont pas remués et que ces derniers sont connus, indique Hubert Leprond, responsable de l’unité sites, sols et sédiments pollués au BRGM. Le principe est d’assurer le traitement de la source de la pollution en tenant compte notamment de l’usage futur du site. »
Toutefois, pas de traitement efficace sans un diagnostic fiable. « Les informations concernant la qualité des sols sont primordiales pour mener des stratégies de gestion adaptées », rappelle Hubert Leprond. Initié au début des années 2000, l’inventaire des sites pollués français se poursuit. C’est ainsi qu’ont été mis en place, entre autres outils de décision, l’Inventaire historique urbain, qui recense les anciens sites industriels, et le Fonds géochimique urbain local, dont l’objectif est de caractériser la composition des sols dans les agglomérations - une connaissance encore parcellaire aujourd’hui.
Mais les professionnels de la dépollution doivent désormais composer avec de nouveaux types de polluants. « Si on connaît bien les hydrocarbures et les solvants chlorés, les effets environnementaux et sanitaires de polluants émergents tels que les nanoparticules restent encore à appréhender. C’est un vrai sujet pour les années à venir », remarque Hubert Leprond. D’autant qu’elles sont aussi utilisées dans certaines techniques de dépollution... Les pesticides, les produits pharmaceutiques et pyro-techniques continuent, quant à eux, de faire l’objet de toutes les at- tentions. De même que les « effets cocktails », un véritable casse-tête pour les scientifiques.

