Entre mars et mai, soit en gros la période de confinement décrétée en France contre la propagation du coronavirus, la construction de 56 500 logements a débuté en France, selon les chiffres donnés jeudi 2 juillet par le ministère de la Cohésion des territoires.
Il s'agit d'une chute de 45,8%, par rapport au trois mois précédents, sans surprise alors que de multiples chantiers ont dû s'arrêter pendant des semaines, le temps de mettre en place des mesures sanitaires.
Pire encore pour l'avenir, les mairies ont largement cessé l'examen des projets immobiliers. Toujours par rapport à la période janvier-mars 2020, les permis de construire ont également chuté de 45,8% à 66 200 unités.

Déficit durable de nouveaux logements
C'est donc un déficit durable de nouveaux logements qui s'annonce, une tendance préoccupante car il faut maintenir une offre solide pour contenir des prix qui augmentent déjà depuis des années en France, en particulier dans plusieurs grandes villes.
Le sujet est d'autant plus crucial que le logement représente une grande part des dépenses des ménages et que ces derniers vont être confrontés à une récession économique d'une ampleur historique: -11% cette année en France, selon les dernières estimations.
Est-il encore temps de rattraper le retard pris en matière de logements neufs? Le gouvernement a pris des mesures pour que l'examen des permis reprenne rapidement après la fin du confinement, mais les professionnels sont pessimistes.
Le mois dernier, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) estimait que le nombre d'immeubles autorisés allait reculer de 100000 logements cette année. Et cela ne comprend même pas les maisons individuelles, l'autre pilier du marché.
La demande bloquée
Alors que l'offre s'est raréfiée dans le contexte pré-élections municipales puis d'un entre-deux tour interminable dû au confinement et enfin de la lente mise en place des exécutifs locaux, la demande en logements semble maintenant bloquée.
Les promoteurs et les constructeurs de maisons regrettent en effet que les autorités financières maintiennent des restrictions sur les crédits immobiliers. Ces limites ont été mises en place fin 2019 par le Haut conseil de stabilité financière (HCSF) par crainte que l'essor des emprunts immobiliers finisse par aboutir à des situations difficiles pour les ménages les plus modestes.
Les banques ont notamment été invitées à ne plus accepter des traites supérieures à un tiers des revenus d'un ménage.
Le secteur immobilier espérait que la crise du virus infléchisse l'attitude des autorités, dans l'idée de ne pas freiner la reprise du marché du logement à la sortie de la crise. Mais il n'en a rien été.
Le marché immobilier connaît "une reprise d'activité rapide", a jugé le HCSF en juin, maintenant ces mesures et suscitant les critiques de plusieurs acteurs du monde du logement.
Les conclusions des autorités financières sont "hors sol", a estimé dans un communiqué Alain Dinin, PDG de Nexity, premier promoteur français. "Il n'y a (...) pas de reprise rapide de l'immobilier", mais "il y a pénurie d'offre et il y a "désolvabilisation" de la demande", a-t-il conclu, annonçant lui aussi une chute durable des nouveaux logements.