La Caisse des Dépôts perd Francis Mayer

Image d'illustration de l'article
(Photographe : Jean-Marc Pettina)

Francis Mayer, décédé samedi à l'âge de 56 ans des suites d'une longue maladie, était directeur général de la Caisse des Dépôts (CDC) depuis quatre ans, une puissante institution souvent décrite comme le "bras financier" de l'Etat.

C'est le secrétaire général de la CDC, Jean Sebeyran, entouré du comité de direction, qui assurera la suppléance à la tête de l'institution de la rue de Lille jusqu'à la nomination d'un successeur officiel par décret du président de la République.

Gravement malade, Francis Mayer est décédé samedi "au matin, à Paris", a indiqué le groupe. Il dirigeait la Caisse des Dépôts depuis le 18 décembre 2002. Il était apparu en public pour la dernière fois début novembre lors de la célébration en grandes pompes des 190 ans de la Caisse des Dépôts, en présence de Jacques Chirac, qui l'avait chaleureusement félicité sur sa gestion de l'institution publique.

Nommé à la tête de la Caisse par l'Elysée en décembre 2002, Francis Mayer a su parachever la politique amorcée par son prédécesseur Daniel Lebègue pour rationaliser et moderniser un établissement public créé en 1816, souvent décrit comme le "bras financier" de l'Etat. La "Caisse" gère plusieurs dizaines de milliards d'euros (dont les fonds du Livret A), investit sous forme de participation dans les plus grands groupes français et assure plusieurs missions d'intérêt général, dont le financement du logement social. Ce puissant établissement financier est actionnaire minoritaire de la totalité des entreprises du CAC 40 et principal ou second actionnaire de 13 sociétés de cet indice, ce qui fait de la CDC un vrai outil de contre-pouvoir dans la gouvernance des grands groupes français.

Fin stratège au tempérament d'acier, Francis Mayer a notamment su valoriser les métiers de la Caisse au sein de filiales, à l'instar d'Icade (immobilier). Il a simplifié la hiérarchie en plaçant chaque directeur de filiale ou de métier sous sa responsabilité directe. A son arrivée, ce négociateur hors pair sort la CDC de l'impasse dans laquelle elle se trouvait avec la Caisse d'Epargne au sujet de l'avenir d'Ixis, filiale d'investissement et de gestion d'actifs commune, en cédant la part de la CDC contre 35% du capital de l'Ecureuil. Mayer prendra comme un coup de poignard dans le dos la volte-face de Charles Milhaud, le patron de l'Ecureuil, qui a négocié à son insu le rapprochement des Caisses d'Epargne et des Banques Populaires au sein de Natixis. Il décide la sortie du nouvel ensemble, obtenant une cession des 35% de la CDC dans l'Ecureuil au prix fort: 7 milliards d'euros.

Alsacien d'origine modeste, énarque, Francis Mayer a fait toute sa carrière dans la haute administration, au Trésor de 1979 à 1997, où il a grimpé les échelons, et d'où il s'est échappé deux ans entre 1983 et 1985 pour un passage à la Banque Mondiale. De 1997 à 1999, il a présidé le Club de Paris, qui regroupe les créanciers publics des pays en difficulté de paiement, puis a été nommé vice-président de la Banque européenne d'investissement en 1999, où il est demeuré jusqu'à sa nomination à la CDC.

Ces derniers mois, Francis Mayer s'était vigoureusement battu pour que l'institution qu'il dirigeait conserve la gérance des encours du Livret A, principale source de financement du logement social en France, alors que la Commission européenne pourrait exiger l'ouverture de sa distribution à toutes les institutions bancaires. La perte de cette ressource pourrait affecter en profondeur les ressources de la Caisse et l'avenir de ses missions.

Véronique Dupont (AFP)

Abonnés
Baromètre de la construction
Retrouvez au même endroit tous les chiffres pour appréhender le marché de la construction d’aujourd'hui
Je découvreOpens in new window
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !