Architectes : l'Unsfa vent debout contre la démarche BIM4Value

Alors que la Smart Building Alliance vient de présenter la démarche BIM4Value, l'Unsfa annonce s'y opposer farouchement. Le syndicat des architectes craint que ce référentiel débouche sur une obligation. 

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L'Unsfa craint que la mise en place d'une démarche normalisée sur le travail en BIM se traduise par une obligation. Cela écarterait du marché les TPE/PME.

L'euphorie n'est pas contagieuse. Début avril 2019, la Smart Buildings Alliance (SBA) dévoilait, durant le BIM World, le référentiel BIM4Value. Mais l’Unsfa vient d’envoyer un communiqué très clair : « Non ! Tous les architectes ne sont pas d’accord avec BIM4Value ». Pour comprendre les enjeux de cette opposition radicale, un retour en arrière s’impose.

BIM4Value : un outil pour les maîtres d’ouvrages

Le référentiel BIM4Value est un cadre de référence élaboré par sept organisations professionnelles du bâtiment : la fédération Cinov, le conseil national de l’ordre des architectes (Cnoa), EGF.BTP, la Fédération des services énergies environnement (Fedene), la Fédération des sociétés immobilières et foncière, la SBA et Syntec Ingénierie.

Son objectif est de définir les usages de la maquette numérique et la valeur que les maîtres d’ouvrage peuvent en attendre, depuis la programmation jusqu’à l’exploitation/maintenance. Fruit des travaux d’une cinquantaine d’experts, le document définit les exigences et les modes de preuves en fonction des situations auxquelles peuvent être confrontés les maîtres d’ouvrages

Evincer les TPE/PME d’architecture du BIM

« Certes, le Cnoa a participé à BIM4Value, mais cet engagement nous semble prématuré au vu de la maturité de la profession », a indiqué Patrick Julien, délégué général de l’Unsfa, au Moniteur.fr. « Notre vocation est de défendre nos membres et leurs intérêts, or la plupart des agences d’architectures sont des TPE/PME », rappelle-t-il. La mise en place de ce référentiel risque donc d’évincer un grand nombre d’acteurs du marché naissant que représente le BIM « au profit d’une élite qui revendique être la seule apte à y répondre aujourd’hui », indique le communiqué.

L’autre risque, concerne, selon l’Unsfa, « l’augmentation du coût des opérations, liée à la lourdeur des procédures pour les acteurs et à la rémunération des certificateurs, au détriment du projet. »

Vers une obligation ?

En résumé, le syndicat des architectes redoute que cette démarche se traduise ensuite par un référentiel ou par une norme qui deviendrait obligatoire.

« Nous craignons surtout que cette démarche éloigne du BIM les petites entreprises alors que cette transition vers le digital exige justement que toute la profession se mette en ordre de marche », a indiqué Patrick Julien.

Une démarche complémentaire du Plan BIM 2022

De son côté, Gilles Charbonnel, président d’ADN, membre du Plan BIM 2022, nuance le débat : « Je comprends les inquiétudes de l’Unsfa, qui semblent légitimes : les grandes structures, entreprises et ingénieries, ont plus de facilités a investir dans le développement du Numérique. Pour autant, la démarche BIM4Value va dans le bon sens. Elle s’inscrit dans notre action n°3, qui vise à définir et assurer la prise en compte des besoins de la filière dans les travaux sur les normes BIM, les accélérer et faire converger. Ces travaux se déroulent dans le cadre du Plan BIM 2022. »

Reste désormais à voir quelles conséquences aura ce communiqué lapidaire de l’Unsfa. Il est trop tôt pour le dire.

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