En 2008, l'Union européenne est restée le principal moteur du marché mondial du photovoltaïque avec plus de 80 % de la puissance mondiale installée. L'Union a multiplié par plus de deux son niveau d'installations de 2007 qui est passé, selon les premières estimations, de 1 833,1 MWc à 4 747 MWc (+ 159%). La croissance vertigineuse du marché espagnol, la solidité de la croissance du marché allemand et la montée en puissance des marchés italien, portugais, belge et français ont dynamisé le marché européen du photovoltaïque. La quasi-totalité de cette puissance concerne les applications reliées au réseau. Elles représentent en effet 99,8% de la puissance installée durant l'année 2008, et 98,7% de la puissance cumulée de l'Union européenne à la fin de l'année 2008.
En Espagne, selon l'Institut pour la diversification et l'économie d'énergie (IDAE), la puissance photovoltaïque du parc a atteint 3 404,8 MWc, soit une puissance nouvellement installée de 2 670,9 MWc en 2008. Cette croissance s'explique par la diminution du tarif d'achat photovoltaïque à la fin du mois de septembre 2008, qui a créé un phénomène de course à l'installation.
Le décret royal n° 1578/2008 du 26 septembre 2008 définit désormais deux groupes d'applications, les systèmes intégrés au bâtiment et les centrales terrestres. Les premiers bénéficient d'un tarif d'achat de 34 c€/kWh pour les applications jusqu'à 20 kWc, 32 c€/kWh pour les installations comprises entre 20 kWc et 2 MWc.
Les centrales terrestres dont la puissance atteint jusqu'à 10 MWc bénéficient quant à elles d'un tarif d'achat de 32 c€/kWh. Ces différents tarifs sont valables pendant 25 ans. Autre élément important : la puissance installée chaque année est désormais plafonnée pour chaque type d'application. Le plafond est de 500 MWc en 2009, 502 MWc en 2010 et 488 MWc en 2011.
L'Allemagne reste une valeur sûre du marché photovoltaïque . Selon l'Association des industriels allemands du solaire (BSW), la puissance connectée au réseau en Allemagne durant l'année 2008 était de l'ordre de 1 500 MWc auxquels il faut ajouter 5 MWc non reliés au réseau.
Le parc allemand s'établit désormais à environ 5 351 MWc dont 40 MWc non reliés au réseau.
La loi sur l'électricité d'origine renouvelable (EEG), amendée en juin 2008, a fortement accéléré la dégressivité du tarif d'achat photovoltaïque (8-10% par an) au 1er janvier 2009. La dégressivité est également modulée à plus ou moins 1 point de pourcentage en fonction de la puissance installée dans l'année. La loi ajoute une quatrième catégorie, celle des centrales intégrées en toiture dont la puissance est supérieure à 1 MWc. Elles bénéficieront d'un tarif d'achat de 33 c€/kWh en 2009, soit 11 centimes de moins qu'en 2008.
En 2008, l'Italie a confirmé la montée en puissance de sa filière photovoltaïque en devenant le cinquième marché mondial. Selon les CESI RICERSA, le parc photovoltaïque était de l'ordre de 458,3 MWc (dont 445 MWc reliés au réseau), soit une puissance additionnelle de 338,1 MWc installée en 2008. Depuis 2007, l'Italie dispose d'un des systèmes de tarifs d'achat les plus incitatifs au niveau européen. Ce tarif varie en fonction de la puissance de l'installation photovoltaïque (de 1 à 3 kWc, de 3 à 20 kWc et plus de 20 kWc) et de son type (centrales intégrées ou non aux bâtiments et centrales au sol). Le tarif d'achat, valable pour une durée de vingt ans, varie de 0,49 €/kWh, pour les centrales intégrées au bâtiment de puissances inférieures à 3 kWc, à 0,36 €/kWh, pour les centrales non intégrées et au sol de plus de 20 kWc. Depuis 2009, une dégressivité annuelle de 2% est appliquée.
Ce système d'incitation n'est valable que pour les premiers 1 200 MWc, et il est prévu que la puissance photovoltaïque pouvant être installée soit limitée à un total maximum de 3 000 MWc en 2016. Ce système devrait garantir l'expansion de la filière durant les prochaines années et permettre à l'Italie de devenir un leader européen au même titre que l'Allemagne et l'Espagne.
Selon les données publiées par la DGEC (Direction générale de l'énergie et du climat), la puissance photovoltaïque cumulée en France était de 101,8 MWc, soit 54,6 MWc de plus qu'en 2007. Ces chiffres incluent les départements d'Outremer (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion), qui cumulent un parc de 30,5 MWc (+ 8,1 MWc par rapport à 2007). La croissance importante du marché s'explique par le fort développement des installations en toiture pour les particuliers.
Ceux-ci peuvent à la fois bénéficier du tarif d'achat, de la prime à l'intégration et du crédit d'impôt, qui permet de récupérer 50 % du coût du matériel. Une autre explication est la multiplication du nombre d'installations sur de grandes toitures. Le tarif d'achat, particulièrement intéressant en cas d'intégration, est pour beaucoup dans cet engouement. En effet, le tarif "intégré", identique pour la métropole, la Corse et les DOM, est passé à 60,2 c€/kWh en 2009. Tandis que le tarif de base est désormais de 32,8 c€/kWh en métropole et de 43,8 c€/kWh pour la Corse et les DOM-COM.
Trois autres pays ont été particulièrement impliqués dans le développement de leur filière photovoltaïque . Il s'agit de la République tchèque qui a installé 49,2 MWc en 2008, portant son parc cumulé à 54,7 MWc fin 2008. La politique active des trois Régions belges (wallonne, flamande et Bruxelles-Capitale) a également porté ses fruits avec 49,7 MW installés en une année, portant le parc de la Belgique à 71,2 MW. Le Portugal a également augmenté significativement sa puissance photovoltaïque avec plus de 50 MWc supplémentaires en 2008, portant la puissance cumulée du pays à près de 68 MWc.
Projection 2010 : 18 000 MWc dans l'Union Européenne
La formidable hausse du marché espagnol, associée à la solidité de la croissance du marché allemand a permis d'atteindre le seuil des 10 000 MWc en 2008. Mais l'augmentation attendue pour 2009 est plus modeste. En cause notamment la décision du gouvernement espagnol de limiter la puissance annuelle installée, avec une baisse d'au moins 2000 MWc anticipée pour 2009.
Les perspectives de croissance du marché allemand sont beaucoup plus optimistes. Selon une enquête du magazine Photon auprès des opérateurs de réseau, ce sont entre 3 000 et 4000 MWc supplémentaires qui devraient être mis en service en 2009.
La croissance des autres marchés devrait cependant se maintenir en 2010, et permettre à l'Union Européenne de franchir à cette date le seuil de 18 000 MWc installés. Une puissance installée de 300 MWc est attendue en Italie, au moins 150 MWc en France et plus d'une centaine de MWc en République tchèque et au Portugal.
Pour être profitables, les décisions concernant le montage des projets (qui bénéficient du contexte où l'offre serait supérieure à la demande) devront être prises rapidement, car les systèmes d'incitation vont s'adapter à cette nouvelle situation. La diminution actuelle des coûts de production est la clé de la pérennité de la filière et l'assurance de son expansion à très grande échelle. La mise en place depuis plusieurs années déjà des systèmes d'incitation est en train de porter ses fruits et les objectifs fixés par la plupart des gouvernements devraient rapidement devenir obsolètes.
L'année 2008 restera comme une très belle période pour le marché du solaire thermique . Avec plus de 4,5 millions de mètres carrés installés (soit 3 172 MWth), le marché croît de 51,5% par rapport à 2007. Si les chiffres spectaculaires du marché allemand, + 100% en 2008, expliquent en grande partie le dynamisme du marché européen, la croissance des marchés dans les pays plus au sud (Espagne, Italie...) y a aussi contribué. Les applications individuelles représentent toujours la majorité des systèmes installés bien que le marché du collectif commence à prendre de l'ampleur.
Le développement de ce marché dépend en fait essentiellement des volontés politiques au niveau national. Les pays du Nord sont généralement plus en avance dans ce domaine. En 2008, la part du collectif est ainsi estimée à 55,2% en Suède et 42% sur le marché danois, quand elle n'est que de 21,5% en Espagne, 18,2% en France et 18% en Autriche. Selon l'AGEE-Stat, le groupe de travail du ministère allemand de l'environnement sur les statistiques sur les énergies renouvelables, 1 920 000 m2 de capteurs solaires thermiques ont été installés en Allemagne en 2008. Le record de 2006, où 1 530 000 m2 avaient été installés, est largement battu.
D'après le BSW (Association des industriels allemands du solaire), 210 000 nouvelles installations ont vu le jour, dont 170 204 dans le cadre du programme d'incitation du marché (MAP). Ce programme finance à hauteur de 60 €/m2 les chauffe-eau solaires individuels, et 105 €/m2 les systèmes combinés (eau chaude + chauffage). Une nouvelle dotation de 500 millions d'euros par an entre 2009 et 2012 a été votée pour ce programme.
Le marché allemand devrait aussi profiter de la nouvelle loi «énergies renouvelables chaleur» (EEG Wärme) entrée en vigueur au 1er janvier 2009. Ceux qui choisissent le solaire thermique pour répondre aux besoins de chauffage des nouveaux bâtiments devront installer 0,04 m2 de capteurs par mètre carré de surface à chauffer.
En Espagne, l'ASIT (Association de l'industrie solaire thermique ) a annoncé une forte croissance de son marché avec environ 466 000 m2 installés en 2008, en hausse de 69,5% par rapport à 2007.
C'est la mise en place du nouveau code de la construction (CTE) qui a complètement dynamisé le marché. Le CTE oblige désormais toute nouvelle construction ou réhabilitation à couvrir entre 30 et 70% de la demande domestique d'eau chaude sanitaire grâce aux installations solaires thermiques. Le pays reste cependant loin de son objectif de 5 millions de m2 installés en 2010 (défini par le Plan énergies renouvelables 2005-2010) avec 1 463 036 m2 fin 2008.
Selon les chiffres avancés par l'Association italienne des industriels du solaire Assolterm, le marché en Italie est devenu le troisième de l'Union européenne avec 421 000 m2 installés en 2008. Crainte initialement, la révision à la baisse du taux de réduction fiscale n'a finalement pas eu lieu. La loi adoptée par le Parlement le 14 janvier 2009, maintient un taux de réduction fiscale de 55% sur le coût total du système solaire et supprime même le principe d'un fond maximum limitant le montant total des réductions d'impôt. La réduction fiscale sera, elle, déductible sur une période de 5 ans.
La croissance du marché en France, si elle n'est pas encore exponentielle, a le mérite d'être régulière. Le marché est estimé par la DGEC (Direction générale de l'énergie et du climat) à 299 730 m2 en 2008 (dont 239 730 m2 en métropole) contre 265 389 m2 (dont 206 098 m2 en métropole) en 2007. Le parc en activité en fin d'année est quant à lui estimé à 1 637 551 m2, représentant une puissance de 1 190,9 MWth. Les particuliers peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt de 5 % sur le prix du matériel auquel viennent s'ajouter des primes régionales, voire même municipales.
L'année 2009 a vu la mise en place d'un fonds chaleur renouvelable pour les bâtiments collectifs, ainsi qu'un dispositif de prêt à taux zéro qui peut se cumuler, dans certaines limites, avec le crédit d'impôt. Le renforcement de la réglementation thermique qui interviendra en 2012 devrait quant à lui encourager la généralisation du solaire thermique dans le neuf.
Selon une étude menée pour le compte du ministère des Transports, de l'Innovation et des Technologies, le marché du solaire thermique en Autriche s'est redressé en 2008. Il a atteint 362 923 m2. Le gouvernement fédéral autrichien a décidé de stimuler le marché du chauffage solaire dans le domaine de la rénovation.
Les particuliers peuvent bénéficier de 2 500 euros s'ils investissent dans un chauffage solaire thermique d'au moins 20 m2 de surface, pour les maisons dont les besoins en chauffage n'excèdent pas 75 kWh par m2 et par an. L'État fédéral accorde aux entreprises des subventions pouvant aller jusqu'à 40% des coûts d'investissement (en fonction des performances énergétiques de l'installation). Mais le véritable moteur de la croissance du marché autrichien provient des aides régionales attribuées par chaque Land. Parmi les plus généreux, on peut citer celui de Basse-Autriche, qui a augmenté ses subventions pour les systèmes de chauffage utilisant les énergies renouvelables. La subvention, effective à partir d'avril 2009, peut aller jusqu'à 5 000 euros (contre 2 950 euros précédemment).
2010 : vers une sortie de crise
Les bons résultats du marché solaire thermique en 2008 devraient laisser la place à une année 2009 beaucoup plus difficile. Si des baisses sensibles des marchés espagnol et allemand sont d'ores et déjà attendues, la crise économique pourrait aussi avoir des conséquences sur les autres pays de l'Union. Les systèmes d'incitations et les nouvelles réglementations thermiques concernant la construction et la réhabilitation des bâtiments devraient limiter les effets conjoncturels, mais ces mesures ne permettront pas à elles seules de maintenir la croissance observée en 2008.
L'année 2009 devrait donc être une année de pause durant laquelle les industriels devront prendre leur mal en patience avant de profiter de la reprise du marché du solaire attendue dans le courant de 2010. Compte tenu du déclassement des années précédentes, le parc de l'Union européenne en fonctionnement atteindrait les 38 millions de mètres carrés à la fin 2010.
Les fondamentaux du marché européen restent bons, par la mise en place de cadres réglementaires nationaux, et grâce aux différents systèmes d'incitation. Selon une étude menée par l'ESTIF, le solaire thermique pourrait couvrir plus de 10% de la production d'énergie renouvelable additionnelle nécessaire pour atteindre l'objectif de l'Union européenne fixé à 20% en 2020.
Paru dans Enerpresse n° 10025 du Jeudi 4 Mars 2010