L’Iran, nouvel Eldorado du BTP ?

Alors que son président vient d’achever une mini-tournée européenne, ce pays de 77 millions d’habitants suscite toutes les convoitises depuis la levée des sanctions.

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Hassan Rohani, président de la République islamique, a rencontré, le 28 janvier, les représentants du Medef.

Depuis la levée des sanctions internationales, l’Iran s’est converti, grâce à sa situation géostratégique à mi-chemin entre l’Europe et l’Asie, en l’un des marchés les plus attractifs du monde, avec des perspectives de croissance alléchantes : 3,5% en 2016 (Source Coface), sûrement plus de 5% en 2017 et 2018. Sa population, en majorité urbaine et bien formée, s’élève à 77 millions de personnes. Et la nécessité de moderniser l’économie iranienne, après quatre décennies d’isolement international, ouvre de nombreuses opportunités dont les constructeurs espagnols, chinois et français rêvent de bénéficier.

Le gouvernement iranien vient ainsi d’annoncer un gigantesque plan d’investissement de 300 milliards d’euros pour les cinq prochaines années, comprenant plusieurs volets : réseau autoroutier, aéroports, hôpitaux, ports… Parmi les infrastructures à construire, soulignons l’agrandissement du métro de Téhéran : 50 nouveaux kilomètres à réaliser. Le défi est de décongestionner cette métropole de plus de 8 millions d’habitants. L'État iranien engagera 1 milliard d’euros pour cette extension qui devrait permettre une augmentation considérable du nombre de passagers-jour : de 12 à 96 millions.

Autre projet phare : la construction d’une ligne TGV pour connecter Téhéran avec la seconde ville du pays, Mashhad, distante de 890 km de la capitale. Selon le quotidien espagnol Cinco Días, le montant de ce projet avoisinerait les 1,5 milliard d’euros. Les entreprises de BTP espagnoles (OHL, Indra, Talgo) sont sur les rangs, en partenariat avec l’ingénieriste Ineco, et les compagnies publiques Adif et Renfe qui construisent actuellement la ligne dénommée « TGV du désert », unissant La Mecque à Médine (Arabie Saoudite). Les Chinois sont également intéressés, via le groupe de BTP public China Railway Corporation (CRC). Selon le South China Morning Post, un accord signé lors de la visite à Téhéran de Xi Jinping, le président chinois, le 23 janvier, prévoit une aide financière chinoise pour aider à la construction de la liaison ferroviaire. Lors de cette rencontre, les deux pays se sont également engagés à mener « des négociations pour la signature d’un accord de coopération élargie sur 25 ans » et « d’avoir des investissements réciproques dans les différents domaines, notamment les transports, les ports, l’énergie, l’industrie et les services », indique un communiqué commun. Toujours selon ce texte, la Chine envisage aussi des «investissements et des financements dans les industries de l’énergie ». Enfin, lors d’une conférence de presse avec M. Xi, le président iranien, Hassan Rohani, a indiqué que les deux responsables avaient évoqué le projet de « porter le niveau des relations (économiques, ndlr) à un niveau de 600 milliards de dollars dans dix ans ».

La France, de son côté, n’est pas inactive. Hassan Rohani est arrivé à Paris le 27 janvier, pour une visite de deux jours durant lesquels il a rencontré le président français François Hollande et les représentants du Medef, en présence de Manuel Valls. Une dizaine de  contrats ont été signés avec les entreprises iraniennes, a affirmé Pierre Gattaz, notamment entre la SNCF et les chemins de fer iraniens (RAI).Un protocole de coopération a été décidé entre les deux entités prévoyant notamment une « coopération dans le domaine de l’exploitation des gares », une « assistance dans la mise en œuvre de nouveaux systèmes de transport de masse suburbains dans les grandes villes » et une « assistance dans le développement du nouveau programme de lignes à grande vitesse ». Des contrats sont également  attendus dans l’aéroportuaire.

Dès le 28 janvier, Vinci Airports a indiqué avoir signé un protocole d’accord sur la concession et la reconstruction des aéroports de Mashhad et d'Ispahan, respectivement 2ème et 5èmeplatesformes aéroportuaires du pays. Quant à la société Aéroports de Paris (ADP) et Bouygues, ils ont annoncé ensemble un protocole d'accord avec l'Iran pour la construction et l'exploitation d'un nouveau terminal à l'aéroport international Iman Khomeiny de Téhéran.

Processus lent

Seule ombre au tableau : un doute juridique et législatif. En  effet, pour le moment, les grandes banques européennes se montrent réticentes à gérer les transactions avec l’Iran. Bien que les sanctions internationales aient été levées, certaines pénalités américaines  restent en vigueur. La Réserve fédérale des États-Unis rappelle qu’il est nécessaire d’éviter certaines entités bancaires ou individus, suspectés d’avoir eu des liens avec des activités terroristes. En fait, la normalisation des relations entre l’Iran et l’Occident ne se feront pas en quelque mois. Comme le rappelait Jean-Christophe Victor, fondateur du Laboratoire d'études prospectives et cartographiques lors du Colloque Coface du  26 janvier, à Paris, « le rapprochement sera long et difficile, d’autant que les conservateurs sont contre la collaboration avec la diaspora iranienne qui représente 7 millions de personnes dans le monde. En fait, tant qu’Ali Khamenei sera le guide suprême de la Révolution islamique, les relations ne pourront pas redevenir normales ».

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